Tout a commencé au début d'il y a longtemps, au XIV ème siècle, lorsque le bon roi Charles IV fit déménager son annaliste "Beneš Krabice z Weitmile" (i.e. "z Veitmile") aux abords du château de Prague, afin de lui éviter les sempiternels embouteillages dans les rues de Prague aux heures d'arrivée au, et de sortie du bureau.
Pendant presque 10 ans, l'emplacement des 4 habitations resta donc vide. Pis sa proximité avec le château de Prague finit par attirer les investisseurs étrangers (rien de neuf sous le ciel de Prague), et tout particulièrement un certain "Ondřej Teyfl z Kinsdorfu a Zeilberku", alors commandant de la place forte de "Győr" (en Hongrie, entre Bratislava et Budapest), qui en avait marre du pays Magyar. On a que peu d'éléments sur ce bougre, mais l'on subodore qu'il aurait acquis le terrain entre 1552 et 1563. Quoi qu'il en soit, il débuta la construction du palais de couleur renaissance.
En 1609, et afin d'apaiser les tensions religieuses de son royaume (mais aussi parce qu'il n'avait pas le choix s'il voulait garder sa couronne tchèque sur la tête), Rudolf II promulgua son fameux "Majestät" (édit, patente...) garantissant la liberté de religion en Bohême (toute religion confondue, catho, proto, husso, judéo, musulmo, ou même rien du tout, comme tu voulais tu pouvais).
Mais revenons à notre "Jaroslav Bořita z Martinic (a na Smečně)".
Un jour de 1649, "Jaroslav Bořita z Martinic (a na Smečně)" décéda, et bien que le palais resta encore quelques temps entre les paluches à doigts crochus de la famille, aucun des successeurs n'apporta la moindre modification significative à l'édifice.
Bon, pis avec des locataires dedans, vous imaginez genre, c'était le bordel.
Maintenant, quelques mots sur les fabuleuses sgraffites. Il y en a donc dans la cour du palais, sur le mur Est, et elles représentent la vie de Samson et les exploits d'Héraclès
A l'intérieur du palais, il y a également des fresques. Enfin des restes, mais vous ne pourrez pas louper le jardin d'Eden, où l'on reconnaît Adam et Eve (pour ceux qui les ont connus, puisque avant de reconnaître il faut connaître) ainsi qu'une licorne.
Lors de la visite, le guide nous donna quelques détails sur l'agencement et le mobilier. Concernant l'agencement, c'est une histoire de sécurité et de confort. Les appartements des "z Martinic" se trouvaient dans une aile du palais, tandis que les autres ailes servaient aux employés de maisons, d'administration... Dans l'aile "z Martinic", les chambres à coucher donnaient dans la cour (sécurité) tandis que les chambres d'amis donnaient dans la rue (risque). Il semblerait (compte tenu de l'absence de poêle) que ces dernières (chambres d'amis) n'étaient de surcroît pas spécialement chauffées (confort). Le mobilier, quant à lui, n'est pas d'origine.
L'intérieur du bâtiment (les écuries) abrite également un musée d'appareils mécaniques à musique: phonographes, gramophones, orchestrions, orchestrelles, pianos mécaniques, boîtes à musique, orgues de barbarie, carillons... et c'est fichtre complet. Chuis pas spécialement amateur je dois dire, mais les couleurs vives des phonographes sont splendides (cf. mes photos), et c'est même une visite agréable si l'on n'y passe pas plus de 30 minutes. Certains appareils sont encore utilisables, et pour peu que vous preniez part au circuit (qui est indépendant de celui du palais me semble-t-il), le guide se fera un plaisir de faire jouer quelques unes de ces fabuleuses boîtes à raffut. Trop fort que c'est.
Pis je ne peux m'empêcher de pointer narquoisement du doigt la page française du site internet du palais, et en particulier celle consacrée au tango (une des activités dedans le palais) où l'on peut lire que "le tango argentinien [...] a touché les sauteries [...]". C'est fabuleux non?