Il tire en effet partie d’un mot : «cosmopolite» pour y voir un retour aux horreurs anti-juives proférées pendant «l’entre-deux-guerres» à pleine colonnes dans des torchons fachos – «Gringoire» et «Je suis partout» qui continuèrent pendant la guerre avec la bénédiction des Allemands… Louis-Ferdinand Céline y participa et sa plume y fut particulièrement répugnante ! C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles je n’ai jamais pu l’apprécier, d’autant que son style, bien que novateur, ne m’a jamais arraché le moindre cri d’admiration… j’en suis restée à «Mort à crédit», lu à 14 ans - qui n’ont pas été pour rien en France dans la Collaboration du Régime de Vichy et la participation Ô ! combien active des autorités et de la police françaises – dans les rafles et autres arrestations de Juifs. L’ignoble Papon en est le parangon.
Or, Marianne donne la citation exacte d’où est retirée la phrase incriminée et - toute aussi sourcilleuse que je sois sur le plan de l’antisémitisme - je suis bien en peine d’y voir un quelconque relent de cette époque.
En effet, Pierre Péan critique une attitude politique – qu’il nomme «cosmopolitisme anglo-saxon». Cette simple appellation suffit à lui retirer tout caractère infamant, xénophobe et antisémite. Le terme cosmopolite n’a donc rien à voir ici avec l’utilisation xénophobe et antisémite par les fachos des années 30 et même bien avant - notamment Drumont et sa «France Juive» (1886) qui fut un antidreyfusard notoire… sans oublier - entre autres - L’Action Française de Léon Daudet.
Pour ma part, je l’analyserais bien plus volontiers comme le fondement idéologique de la mondialisation et de la globalisation ultralibérales.
D’ailleurs, dans l’extrait analysé par Marianne, Pierre Péan parle de Bernard-Henri Lévy et, très accessoi-rement, de «l’autre Bernard»… Il vise bien plutôt l’idéologie des «nouveaux philosophes» tout aussi «américanolâtres».
Bernard Kouchner pour se défendre d’avoir jamais versé dans «l’américanolâtrie» cite un texte contre la guerre d’Irak paru en son temps dans Le Monde. Il se démarquait ainsi de nombre de ses amis nouveaux philosophes et j’admets volontiers que c’est tout à son honneur. Je ne participerais pas à la curée de ceux qui y voient une simple «posture». De quel droit ?
Qu’il ait ensuite changé d’attitude et d’opinion est une toute autre histoire. J’avais d’ailleurs souligné en son temps – au sujet de l’Iran – combien il était devenu pro-américain et belliciste, va-t-en guerre… Sa proximité de vue avec Nicolas Sarkozy et Georges Bush – voir la photo avec lui qui illustre l’ouvrage de Péan – y est-elle pour quelque chose ? C’est fort vraisemblable.
Hubert Védrine qui fut, lui aussi ministre des Affaires étrangères – d’une toute autre pointure ! - dans le gouvernement Jospin lui reprocherait son «occiden-talisme», autre façon de critiquer l’adoption des thèses néoconservatrices américaines et de «disqualifier la conviction de Bernard Kouchner que pour le bien, on peut user de la force».
Pierre Péan critique une certaine conception de la France, développée – selon lui - notamment par Bernard-Henry Lévy et les «nouveaux philosophes» et qui serait partagée par «l’autre Bernard», alimentée par «la haine du gaullisme et de la philosophie politique qu’il sous-tend : les valeurs de la révolution française, de la Convention au Conseil national de la Résistance, celle d’une indépendance nationale honnie – au nom d’un cosmopolitisme anglo-saxon, droit-de-l’hommiste et néolibéral ; c’est moi qui souligne – foncements de l’idéologie néoconservatrice que nos «nouveaux philosophes» ont fini par rallier».
Je ne vois rien d’autre dans ce passage qu’une critique politique et idéologique. Depuis l’émergence des «nouveaux philosophes» - autoproclamés philosophes ! au demeurant… - au tout début des années 1970, je les ai toujours considérés comme étant de droite. Qu’ils aient pu le devenir encore plus, ne me surprend guère.
Mais du diable si l’on peut voir dans ce passage la moindre référence à une «anti-France», terme qui selon Marianne n’apparaît pas une seule fois dans le livre de Pierre Péan. Et pourtant, abondamment repris par des commentateurs, particulièrement le Monde et le Nouvel Obs. On sait l’usage qu’en faisaient les fachos…
La citation qui suit mérite le même sort : «Objet d’une telle détestation, notre pays ne mérite plus, du coup, d’avoir une diplomatie ni une défense autonomes et souveraines. D’après cette «contre-idée de la France», notre vieux pays peut fort bien se passer d’un ministère des Affaires étrangères fort et indépendant, puisqu’il s’agit de suivre fidèlement les grandes impulsions venues de Washington. C’est plus simple et ça coûte bien moins cher. Le Quai d’Orsay n’a désormais plus grande utilité».
Nous retrouvons – avec l’outrance du ton pamphlétaire – la même analyse de l’ultralibéralisme et du néoconservatisme des «nouveaux philosophes» pour qui la France n’est pas assez «moderne»… Bien entendu fort éloignée de l’idée d’indépendance et de «grandeur de la France» défendue par le Général de Gaulle ainsi d’ailleurs que par François Mitterrand.
La meilleure preuve en est : Nicolas Sarkozy – l’Amerloque – envisage de faire rentrer totalement la France dans le giron de l’Otan – le gouvernement intégré – que le Général de Gaulle avait quitté en 1967, si ma mémoire est bonne.
Si je sais bien lire, Pierre Péan ne dit rien d’autre que cela : les «nouveaux philosophes» de même que Bernard Kouchner et Nicolas Sarkozy acceptent en quelque sorte de «brader» l’indépendance de la France pour se mettre «aux ordres» du «grand frère américain».
Ce que l’on appelait plus volontiers naguère : «l’atlantisme». Je ne vois là qu’un argument politique et idéologique qui oppose deux conceptions diamétra-lement opposées de la politique étrangère de la France.
Mais sûrement pas de quoi casser trois pattes à un canard !
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SOURCES
En Afrique, l’image du “French doctor” a favorisé les activités de la société Imeda dans plusieurs paysLE MONDE | 05.02.09 ©
LE MONDE | 04.02.09 ©
LE MONDE | 05.02.09 ©
LE MONDE | 05.02.09 ©
LE MONDE | 05.02.09 ©
LEMONDE.FR | 04.02.09 ©
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