La tempête Klaus a transformé la trop bien rangée forêt des Landes en champ de cure-dents, ou d’alumettes, au choix. Dans le Sud Ouest, les derniers foyers, privés de courant depuis ce 24 janvier mémorable, viennent tout juste de retrouver une liaison électrique digne de ce nom.
Et de nouveau, Météo France, relayé par la presse, nous ramène à la réalité : le mauvais temps est normal en hiver. En climat océanique, il lui arrive de prendre la forme de tempêtes. C’est ainsi que 58 départements sont placés en vigilance orange, la tempête annoncée devant cette fois davantage touchée les régions un peu plus au nord.
Selon le site web de Sud-Ouest, qui s’intéresse ici exclusivement aux zones de sa diffusion (les départements charentais et aquitains, ainsi que le Gers), ce sont les îles de Ré et Oléron qui devraient affronter les plus fortes rafales (jusqu’à 140 km/h), et ce au beau milieu de la nuit. De manière globale, les vitesses de vent annoncées, bien qu’élevées, sont sans commune mesure avec la tempête Klaus : on prévoit ainsi des vents de 100 à 120 km/h sur le littoral girondin, alors que les 170 km/h ont été atteints et même je crois dépassés le 24 janvier. Une tempête beaucoup plus banale donc, mais qui arrive sur un terrain fragilisé (voir ci-contre la photo prise samedi dernier du côté du Bassin d’Arcachon, entre Andernos et Arès).
Le risque est donc réel, mais inutile de dramatiser par avance : ça va souffler, oui, mais d’une manière assez banale en cette saison. Ce qui, par contre, est plus préoccupant, concerne les estuaires de la Gironde et de la Seudre (ce dernier se situe en Charente-Maritime et aboutit face à la pointe sud de l’île d’Oléron). Le 24 janvier, les coefficients de marée étaient par chance modérés. Là, ils vont être de 104 et 107, ce qui implique une forte remontée océanique dans les estuaires, ceux-ci étant déjà lourdement alimentés par les fleuves qu’ils évacuent : quand on voit ce que charriait la Garonne à Bordeaux neuf jours après la tempête de janvier, on comprend mieux (photo ci-contre). Des débris divers vont à nouveau se retrouver dans les estuaires, ce qui peut provoquer des accidents (deux bateaux de pêche en ont fait les frais fin janvier dans la Gironde, dont un qui s’est échoué). Mais ce n’est pas tout : cette eau en trop grande quantité d’un coup risque réellement de déborder. Si une éventuelle et brève visite de la Garonne sur les quais de Bordeaux peut amuser le badaud, son intrusion dans des sites industriels ou dans d’autres bâtiments peut s’avérer dangereuse. Je pense ainsi une fois de plus à la centrale nucléaire du Blayais, une fois de plus menacée, avec tous les risques que cela implique pour ce type d’installation.
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