Bernard Kouchner parle de «livre à charge» comme il parla naguère de «reportage à charge» présenté à une émission de télévision sur France 24 animée par Ulysse Gosset… Lequel paya son audace d’un licenciement, orchestré par Gérard Saint-Paul sous la férule de la «Reine Christine» (Ockrent) laquelle n’est rien moins que Madame Kouchner à la ville !
Comme son nouveau mentor et ami – Nicolas Sarkozy – Bernard Kouchner n’aime les portraits qu’hagiogra-phiques. Mais encore faudrait-il être un saint pour les mériter et je suis de loin persuadée que le fondateur de «Médecins sans Frontières» est tout - nonobstant ses activités associatives bénévoles - sauf un saint !
J’avouerais sans ambages qu’au départ, je n’avais aucun a priori contre Bernard Kouchner. Bien au contraire !
Un «parler vrai» sans détour, plutôt de gauche - mais sans verser dans l’idéologie et la «langue de bois» - qui m’était évidemment sympathique. De plus, son engagement - en tant que médecin sur le terrain – pour soigner les victimes des guerres et autres calamités qui frappent les continents et pays défavorisés – ne pouvait que trouver un écho favorable chez une infirmière…
J’ai commencé à le trouver quelque peu «relou» avec sa prestation en Somalie… Le «kilomètre lancé» avec énorme sac de riz sur l’épaule ! Sous l’œil des caméras, of course… Trop médiatique pour être aussi véritablement honnête et désintéressé qu’il voulait bien le prétendre.
Ses méandres politiques – des étudiants communistes dans les années 60, puis au PS, au PRG, avec Bernard Tapie ! pour être élu député européen… avant retour au PS - m’avaient laissée plus que perplexe. Au point que je ne savais même plus s’il était adhérent du Parti socialiste ou seulement sympathisant.
Ministre de l’action humanitaire… Encore un de ces ministères inutiles ! - taillés sur mesure à l’aune des ambitions à défaut des compétences. Il fut, de mon avis, un calamiteux ministre de la Santé. J’en eus la preuve deux fois dans la même matinée à l’écoute de France-Info.
Ce devait être en 2002, bien avant les élections. J’entendis d’abord un écrivain (Annie Ernaux ?) en colère contre lui car, descendant d’un avion il s’inquiétait de savoir si ses cannes – il s’était cassé la jambe au ski - étaient bien assorties à sa chemise… D’un futile !
Ensuite, Bernard Kouchner himself, interrogé sur le fait de savoir si l’on devait augmenter le numerus clausus des étudiants en médecine pour tenir compte de la future pénurie de médecins - départ à la retraite en grand nombre des papys et mamys boomers dans les 10 à 15 ans - il répondit avec une espèce de ricanement fort désagréable : «Il y a bien le temps»…
A ceci près, qu’il faut 10 ans pour former un praticien ! Surtout venant d’un médecin, je trouvai cela d’une désinvolture absolue et d’un manque total de respect, tant pour le corps médical que pour les patients.
Cerise sur le gâteau : le rapport qu’il fit pour Total en Birmanie dans lequel il réussit un véritable tour de force en réussissant à démontrer qu’il n’y avait pas eu de travail forcé au profit du pétrolier lors de la construction d’un gazoduc et d’une plate-forme portuaire.
Cécité TOTAL(e), il ne vit pas plus - écrivis-je sur le sujet en décembre 2005 - les exactions et expropriations commises par l’armée birmane chargée de protéger la construction du gazoduc de Total.
J’étais déjà assez scandalisée qu’il ait pu accepter une telle mission !
D’autant que j’avais amassé pendant une longue période une solide documentation précisément sur les activités de Total en Birmanie – le travail forcé, notamment - et qu’au début des années 1980, je m’étais intéressée de surcroît à la révolte du peuple Karen, à la faveur de la lecture d’un livre fort médiocre au demeurant (je n’ai conservé la mémoire ni du titre ni de l’auteur).
Sans doute, son rapport a-t-il été rédigé avant les événements de mai 2003 - arrestation puis mise en résidence forcée de l’opposante et prix Nobel de la paix (1991) Aung San Suu Kyi.
Mais comment le champion des droits de l’homme pouvait-il sans compromettre sa réputation et son honneur - auquel il semble tenir si fort ! - accepter de travailler dans une telle dictature, alors même que le parti de Aung San Suu Kyi – la Ligue nationale pour la démocratie (NDL) - avait démocratiquement remporté les élections législatives en mai 1990 avec plus de 80 % des voix… à la grande surprise de la junte militaire qui n’avait organisé ces élections qu’en espérant légitimer son pouvoir ! et qui fit évidemment invalider les élections…
Qu’il ait menti à l’occasion de ce rapport ne fait aucun doute puisque les faits - qu’il n’avait pas constaté - ont été relevés par le Bureau international du travail (BIT) qui engagea une action pénale à l’encontre du pétrolier, lequel accepta de surcroît une transaction avec l’avocat William Bourdon, défenseur de plusieurs travailleurs birmans… Ce qui prouve à l’évidence la culpabilité de Total : a-t-on jamais vu un innocent accepter de transiger et verser des sommes non négligeables ?
Comment s’étonner de voir qu’après avoir fricoté ainsi avec Total pour exonérer la multinationale pétrolières de véritables crimes – commis avec l’appui d’une des pires dictatures du monde (Corée du Nord exceptée) - Bernard Kouchner ait accepté sans barguigner de mettre ses talents – en matière de santé publique - et sa personnalité au service de dictateurs africains tels Omar Bongo et Denis Sassou Nguesso ?
L’image du «French Doctor» - désintéressé «chevalier blanc» des causes humanitaires – aura vécu !
Comme la “matière” que j’ai exploitée est une fois de plus très riche, je préfère écrire plusieurs articles qui sérient les questions.
L’honneur perdu du bon docteur Bernard K. (2) la «FrançAfric»
L’honneur perdu du bon docteur Bernard K. (3) Quels arguments nauséabonds ?
L’honneur perdu du bon docteur Bernard K. (4) soutiens & ennemis jurés
L’honneur perdu du bon docteur Bernard K. (5) un mensonge gros comme une maison
SOURCES
En Afrique, l’image du “French doctor” a favorisé les activités de la société Imeda dans plusieurs paysLE MONDE | 05.02.09 ©
LE MONDE | 04.02.09 ©
LE MONDE | 05.02.09 ©
LE MONDE | 05.02.09 ©
LE MONDE | 05.02.09 ©
LEMONDE.FR | 04.02.09 ©
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