
À l'image de son héros, Marco Bellocchio cultive sa déprime avec une vigueur proprement stupéfiante. Sans cesse en mouvement, il multiplie les expérimentations au gré d'une mise en scène qui s'amuse avec les textures (déformations, caméra amateur...). Idéal pour coller à un scénario foutraque, le bordel ambulant le plus jouissif qu'il ait été donné de voir depuis bien longtemps, sautant dans tous les sens comme une balle rebondissante, mais retombant toujours sur ses pattes d'une faiçon assez prodigieuse. Il faut une dizaine de minutes pour se faire à l'ambiance et au rythme du Metteur en scène de mariages, mais lorsque le film s'empare de vous, c'est pour ne plus vous lâcher, emportant tout sur son passage.
Les amoureux, les croyants, les lâches : Bellocchio n'épargne rien ni personne dans un film beau comme un vieux disque de jazz, plein de ces imperfections qui font les oeuvres les plus marquantes. Pas de doute : après une fin de siècle assez pénible, le metteur en scène italien a pleinement trouvé sa place au coeur des années 2000. Le metteur en scène de mariages est de ces films qui s'impriment de façon durable dans les crânes et les coeurs de ceux qui font le pari de suivre Franco Elica sans sa course sans but. Il serait juste impardonnable de passer à côté.
9/10
(également publié sur Écran Large)