Récapitulons : d'un côté nous avons le secrétaire d'Etat à l'outre-mer, Yves Jego, de l'autre le LKP (le Collectif contre l'exploitation). Les deux parties semblaient s'entendre sur presque tout
d'après les médias, mais depuis ce matin ils ne s'entendent sur plus rien ! Faut-il rappeler que le secrétaire d'Etat est parti un peu précipitamment de l'île hier soir, officiellement pour
négocier avec le Premier ministre (décidément on négocie beaucoup en ce moment...). L'originalité tient à la justification de son départ en direct sur le téléphone portable de la présentatrice de
Canal 10, une chaîne de télévision locale très regardée : "Je reviendrai très très vite et j'espère avec une solution. Que personne ne s'affole". (sic !)
Le principal point d'achoppement se situe en fait au niveau de l'augmentation salariale de 200 euros pour les plus bas salaires de l'île. Monsieur Jego, tout en
laissant une porte ouverte, rappelle ainsi que selon lui une augmentation des salaires de cet ordre obligerait un certain nombre d'entreprises à licencier. Propos évidemment confirmés par les
représentants locaux du patronat... De nombreux patrons ne cachent d'ailleurs plus leur aigreur devant l'absence des forces de l'ordre et parle même de prise de pouvoir par le LKP. Ce dernier, en
réponse au secrétaire d'Etat, a souligné que Nicolas Sarkozy a trouvé 360 milliards d'euros pour sauver les banques et s'applique désormais à sauver l'industrie automobile. Cette réaction fait
très certainement suite au silence assourdissant de notre omniprésident, lors de son intervention télévisée, sur les événements de l'île...
Quoi qu'il en soit, vous aurez compris que la situation est bloquée et que le départ précipité du secrétaire d'Etat n'a rien arrangé. De plus, le mouvement est en train d'essaimer en Guyane et
sur l'île de la Martinique où les syndicats ont obtenu la baisse des rideaux des magasins par la force. Pour ne rien arranger, un rapport commandé par le ministère sur le système
de distribution de l’essence dans les DOM-TOM, vient de paraître dans la presse. Pour en faire un résumé simple, sachez que ce rapport parle d'enrichissement sans cause des compagnies pétrolières
et pointe du doigt les services de l’Etat, incapables de justifier la base des calculs sur lesquels repose leur évaluation des prix. On se retrouve par conséquent en présence de nombreux
catalyseurs du malaise social et économique. Il ne faudrait surtout pas rajouter à ce cocktail explosif des promesses politiques évanescentes qui auraient pour conséquences d'attiser
encore plus la défiance du peuple français (de métropole ou d'Outre-Mer) à l'égard du pouvoir exécutif.
Pour finir, à propos de promesses politiques évanescentes, je ne peux m'empêcher de penser à l'aciérie de Gandrange où un candidat à l'élection présidentielle avait, en février 2008, fait de
nombreuses promesses suite à l'annonce de plusieurs centaines de licenciements. On parlait alors de 30 millions d'euros d'investissements, de construction d'une centrale électrique en partenariat
avec Poweo, de la création de 124 emplois, etc. Le rêve a depuis pris fin très vite, trop vite...