Rachida Dati, actuelle ministre de la Justice, voudrait résumer l'action de Robert Badinter à cette abolition. Quelle ignorante. Devant Serge Moati, à l'émission Ripostes de Dimanche dernier, Robert Badinter avec aisance et détachement a rappelé, entre autres, qu'il avait fait supprimer les tribunaux d'exception, humaniser les prisons, modifier la loi sur les faillites, créer un mouvement d'aide aux victimes… un travail de longue haleine qui se poursuit aujourd'hui.
Robert Badinter place, comme René Cassin le fit dans la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948, la dignité de l'homme au-dessus de tout. Quel que soit son statut, quels que soient ses actes, quelle que soit la condamnation, un homme reste membre de la communauté des hommes et a le droit, à ce titre, d'être traité et considéré comme tel.
D'où sa lutte pour faire que les prisons françaises répondent aux critères de dignité : cellules pour prisonnier unique, conditions d'hygiène, soins, «confort» répondant aux critères d'une vie normale de citoyen puisqu'aussi bien le détenu le demeure. Rappelons que la peine de prison n'est qu'une peine de privation de liberté et qu'au cours de cette peine, le projet doit être celui d'une réinsertion réussie dans la société.
Dimanche, on a reconnu Robert Badinter lorsque Serge Moati l'a interrogé sur la réintégration par le pape, dans l'Eglise, des évêques intégristes dont Richard Williamson, négationniste confirmé. Emu, touché, Robert Badinter a trouvé les mots qui convenaient pour s'élever contre cette insulte à l'histoire et cette nouvelle blessure mémorielle.