Nicolas Sarkozy avait suscité une attente légitime. Par le succès du mouvement du 29 janvier, il était attendu. Moins sur son analyse de la crise, que sur les moyens de faire face et sur les solutions pour en apaiser les conséquences sur les Français.
Et Nicolas Sarkozy a fait du Nicolas Sarkozy. C’est-à-dire qu’il s’est, lui-même, mis en scène. Comme si, à lui seul, peut-être avec le concours de Barack Obama, il pouvait par ses mots, par son caractère, être le protecteur des Français.
Mais laissons là le style, car en définitive, les problèmes sont tels que ce qui compte aujourd’hui, ce sont les réponses.
Que nous a-t-il dit ? Qu’il ouvrirait le 18 février une rencontre avec les partenaires sociaux. C’était bien le moins et nous souhaitons qu’il mette la pression nécessaire sur le Medef pour que les négociations sur l’indemnisation du chômage partiel ou la protection des jeunes puissent avancer.
Mais pour ce qui relève de la responsabilité de l’Etat, c’est-à-dire la sienne, qu’a-t-il annoncé ? Des pistes, des principes, mais rien de concret, sauf la suppression de la taxe professionnelle dont d’ailleurs on ne sait pas si elle sera remplacée par un nouvel impôt sur les ménages, ce qui serait un paradoxe dans la situation que connaît le pays, une nouvelle amputation du pouvoir d’achat, ou par un prélèvement sur les entreprises, ce qui finalement aboutirait à transférer entre secteurs économiques le même impôt. Mais rien qui soit de nature à améliorer la compétitivité ou à stimuler l’investissement.
En revanche pour les ménages, ceux qui notamment supportent la crise, j’attendais l’extension des contrats de transition professionnelle. J’espérais une amélioration des mécanismes de la formation. Je voulais croire à une limitation des possibilités de licenciements pour les entreprises qui font du profit. Je rêvais d’une limitation des plus hautes rémunérations, comme en Allemagne ou aux Etats-Unis. Mais non, nous n’avons rien eu de tout ça. Simplement un petit cadeau pour les classes moyennes nous dit-on, à travers la suppression possible, éventuelle, hypothétique, de la première tranche de l’impôt sur le revenu qui, parce qu’elle est une première tranche, bénéficie à tous les contribuables. Qu’ils soient riches ou simplement redevables au minimum de l’impôt sur le revenu. Rien pour ceux qui ne seront pas soumis à cet impôt, et qui sont, rappelons-le, 50% des Français.
Il nous a dit qu’il pouvait augmenter les allocations familiales, mais nous ne savons rien. Nous ne savons pas si cette disposition s’appliquerait aux familles de plus de trois enfants ou selon les conditions de ressources. Non rien, rien de clair, rien de précis.
Quant aux chèques emploi service, on a l’impression que Nicolas Sarkozy allait permettre à des personnes âgées de rémunérer leur propres enfants pour qu’ils les gardent ou pour être gardés !
Bref, le sentiment que j’ai eu, c’était qu’il n’était pas à la hauteur de l’ampleur de la crise. Qu’il essayait de garder un cap, dans une tempête qui avait déjà renversé depuis longtemps sa frêle embarcation.
Qu’il faisait comme s’il pouvait agir, comme s’il pouvait décider, comme s’il pouvait encore maîtriser une politique qui lui a échappé. J’avais dit que le roi était nu, ce qui est déjà une posture difficile à exposer pour qui a des pudeurs, mais je crains aujourd’hui qu’il ne soit aussi impotent.
par François Hollande