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Après avoir chanté du Abba en sautant sur des lits, Meryl Streep revient nous prouver, si il en était encore nécessaire, qu’elle est une très grande actrice. Dans Doute, elle incarne sœur Aloysius, la principale stricte et old shool d’une école catholique dans le New York des années 60. Soupçonneuse des actes étranges du père Flynn, interpréter par Philip Seymour Hoffman, envers le seul élève noir de l’établissement, elle déclenche un vent de rumeurs et de messes basses qui auront des répercussions sur chacun des personnages, afin de le faire renvoyer,. Le réalisateur John Patrick Shanley adapte sa propre pièce de théâtre, qui a eu un considérable succès sur les planches de Broadway. Qui dit adaptation d’une œuvre théâtrale, dit beaucoup de dialogues. Et en effet, ça parle beaucoup mais les répliques sont tellement bien écrites que ça en devient la force du film. L’interprétation des acteurs, un casting de premier choix vraiment, ne fait que sublimer ces écrits. Meryl Streep est encore une fois phénoménale, habitée, elle est effrayante de réalisme dans le rôle de cette femme campée dans ses convictions et qui est prête à tout pour aller au bout de celles-ci.
Face à elle, Philip Seymour Hoffman est magistral dans une performance nuancée et emplie d’émotions. Les scènes qu’ils partagent sont un régal et une démonstration sans équivoque de leur talent. Le film atteint son climax dans un affrontement à huis clos qui atteint un rare degré d’intensité vu à l’écran. La talentueuse Amy Adams offre une interprétation innocente et sensible qui contraste avec la verve de ses aînés devant qui elle ne se démonte pas. Le film offre également des pistes de réflexion intéressantes sur la vengeance, le doute et les certitudes, ainsi que les dommages collatéraux des rumeurs (illustrée par une très belle scène avec les plumes). La bonne idée du film a été de brouiller les pistes et de permettre ainsi au spectateur d’être aussi perdu que les personnages. On hésite, on doute quant à la nature du père Flynn, la sœur Aloysius a-t-elle raison ? On reprochera néanmoins un rythme assez lent qui pourrait rebuter certain. Le film de John Patrick Shanley offre une confrontation intense et magistrale entre deux monstres sacrés du cinéma, qu’il serait sans aucun doute honteux de louper au cinéma.
Sortie en salles: le 11.O2.O9