Qui ne s’est pas arrêté un jour, perplexe, devant les couvertures des hebdos dit d’information en les voyant, dans la même semaine, nous offrir le choix entre la vie privée de Rachida Dati, la « dynastie des Sarkozy » (papa et le fils à papa), la « bataille des femmes au PS » (Aubry/Royal) ou encore devant les reportages ou les pseudo « enquêtes » des JT de 20 heures ? Qui ne s’est pas demandé quel type de « produit » on lui proposait ? Qu’est-ce que l’information aujourd’hui ? Beaucoup de journalistes seraient en peine de le dire clairement.
Côté « Cour »… Les tribulations sarkoziennes, les cotes d’amour/de désamour des ministres, les bourdes ségoliennes, la légende Obama, c’est la permanente saga des « people » qui nous gouvernent que l’on nous impose chaque jour. L’actualité est mise au régime jusque là réservé aux rubriques « people ». Politique, économie, tout devient « récit », « feuilleton », « show »… C’est le règne du « story-telling ». Il faut de l’émotion, des coulisses, des rebondissements, du suspense, des petites phrases aussitôt dites aussitôt oubliées. Culte du people et son complément indispensable… lynchage médiatique. A ce rythme, Le Monde ressemblera un jour à Closer…
Côté « Jardin »… Pour le bon peuple (nous !), lorsque les médias parlent de lui la version banale et démocratique de la pipolisation, se nomme dramatisation : des larmes, des drames, des angoisses, des cris, une forte demande de catharsis publique dans les prétoires…
En optant pour le primat du spectacle sur la recherche de l’intelligibilité, la presse est devenue le musée Grévin – vivant, pourrait-on dire - de l’information. Sa crise est plus profonde qu’elle ne le pense. C’est une crise d’identité.
*Soyons charitables, ne parlons pas de la presse régionale et de son théâtre désuet de carton pâte : inaugurations de nos vaillants édiles, élections des bureaux des associations, repas de « nos » ainés, galettes des rois, arbres de Noël, actualité des vides greniers…