Je n’avais lu aucune critique, m’étais interdit de visionner la bande-annonce, ni même de jeter un œil aux photos. De manière à ne pas être influencée, ni dans un sens, ni dans l’autre. Car treize nominations aux Oscars et 150 millions de dollars pour la réalisation, cela a de quoi mettre la pression. On s’attend à un chef-d’œuvre et on est déçu. Rien de tel pour L’Etrange histoire de Benjamin Button. Je suis sortie de la séance littéralement bouleversée.
Note :
Tout débute avec Monsieur Gâteau qui voulait ramener à la vie son fils mort à la guerre. Il bâtit une horloge qui remonte le temps et l’installa dans la gare de La Nouvelle-Orléans. C’est dans cette ville de Louisiane que naquit en 1918 Benjamin Button, un homme hors du commun. Son histoire, c’est celle de ses rencontres, ses découvertes, ses amours, ses joies et ses drames. Et ce qui survivra toujours à l'emprise du temps.
L’histoire est chronologique, mais ponctuée par la vision de Daisy, sur son lit de mort, alors que l’ouragan Katrina menace de s’abattre sur la Nouvelle-Orléans. Un procédé de narration efficace, qui permet de connaître les réactions de Daisy à l’histoire que son cher et tendre a consignée toute sa vie dans un carnet. On apprend progressivement qui est Benjamin Button et on ressent chacune de ses émotions intensément. Certes, dès le début l’histoire est connue, mais les rencontres sont excentriques et intéressantes et maintiennent l’intérêt du film. A la manière d’une fable, le héros traverse des étapes et des rites initiatiques qui le rendent d’autant plus fort et altruiste.
Au-delà de sa portée philosophique, le film est une performance technologique. Tout est magnifiquement réalisé, de la mise en scène aux effets spéciaux en passant par la somptueuse photographie et le montage. Le réalisateur s’essaie même à quelques exercices de style, comme ces scènes de l’homme touché sept fois par la foudre, le système de narration de l’accident de Daisy à Paris ou encore ces plans fugaces de Brad Pitt à l’apogée de sa beauté - sur une moto les cheveux au vent ou bien allongé sur la coque d’un bateau sur une mer d’un bleu envoûtant.
L’interprétation des acteurs est excellente. Cate Blanchett et Brad Pitt : deux rôles parfaitement composés. La nomination de Brad Pitt pour l’Oscar du meilleur acteur est largement méritée. Autre nomination d’interprétation, celle de Taraji P. Henson dans le rôle de la mère adoptive, jeu qui s’avère aussi extrêmement juste et délicat. Enfin, on retrouve avec plaisir Julia Ormond (Surveillance) et Tilda Swinton (récemment vue dans Burn after reading).