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A peine avait-il pris ses fonctions de ministre de l'Immigration et de l'Identité Nationale qu'il avait demandé" "huit à dix jours pour bûcher ses dossiers" avant de répondre aux questions de la presse. Finalement, il n'a pas attendu si longtemps. Encourager la délation Mardi 3 février, Eric Besson était l'invité de Jean-Pierre Elkabach sur Europe 1 . Il a rappelé que le président de la République lui a fixé 27 000 expulsions comme objectif pour 2009. Il a ensuite insisté sur sa volonté de faire la guerre aux filières clandestines. Puis il eut cette proposition qui provoque le dégoût : proposer un titre de séjour à tout clandestin qui accepte de dénoncer la filière qui lui a permis d’arriver en France. Jean-Pierre Elkabach faillit tomber de sa chaise : "mais c'est de la folie !" Et oui, de la folie. Cette proposition est devenue circulaire dès le lendemain. Eric Besson a trouvé l'argument sarkozyste parfait : « Je ne vous dis pas que j'ai découvert la pierre philosophale, mais j'apporte un moyen supplémentaire pour briser la loi du silence. Il y a des victimes et il faut les aider à sortir de l'esclavagisme dans lequel on les a plongés. » En, d'autres termes, les sans-papiers sont des victimes, il faut les aider contre les vrais criminels que sont les passeurs. On pourrait lui suggérer une autre solution: puisqu'il est très difficile de trouver quelques dizaines de milliers de sans-papiers en métropole (cf. notre analyse des 30 000 soit-disantes expulsions de 2008), pourquoi ne pas lever les contraintes de naturalisation ? Un député UMP, tendance villepiniste, a suggéré à Eric Besson d'aller plutôt au Front National qu'à l'UMP. Mais Frédéric Lefebvre, l'inusable porte-parole de l'UMP, a expliqué au contraire que la dénonciation était un devoir républicain. Délation, dénonciation, la Sarkofrance joue sur les mots avec aisance. Le sociologue Smaïn Laacher, du Centre d'étude des mouvements sociaux (CNRS-EHESS), rappelle que comparer un clandestin et son passeur à une femme battue et son compagnon violent est simplement "malhonnête". La réalité est plus complexe. Si j'aide un immigré à venir clandestinement en France, je suis un passeur, non ? Lefevbre "la denonciation est une bonne idée, c'est positif" par politistution Assumer les tests ADN Dimanche 25 janvier, Eric Besson s'était exprimé sur les tests ADN. On lui demandait ce qu'il en était. Les décrets d'application n'étaient toujours pas passés, plus d'un an après le vote de l'amendement. Le nouveau ministre a expliqué qu'"une réunion interministérielle va se tenir dans quelques jours pour donner un feu vert sur le décret d'application", et que ces tests ADN sont "un droit potentiel, pas une obligation. Prime au mérite Le 5 février, Eric Besson a créé une allocation pour les "jeunes étudiants étrangers méritants". Sont éligibles, d'après l'arrêté publié au Journal Officiel, ceux qui sont "titulaires d’une carte de séjour temporaire, d’une carte de résident, d’un certificat de réfugié délivré par l’OFPRA ou d’un récépissé de la demande de titre de séjour qui vaut autorisation de séjour portant la mention "reconnu réfugié" délivré par la préfecture", domiciliés en France depuis au moins 2 ans, rattachés à un foyer fiscal établi en France depuis 2 ans, ayant obtenu "une mention bien ou très bien au baccalauréat technologique ou professionnel", éligible aux bourses sur critère social, et inscrit en IUT, en STS ou CPGE est requise. La bourse s'élève à 4 800 euros pour une année universitaire, et est attribué par le préfet de la région. Elle doit concerner 100 étudiants en 2009. Cette initiative est à rapprocher d'une autre mesure, toute récente: une circulaire cosignée par Brice Hortefeux et Valérie Pécresse le 7 octobre dernier "relative à l’appréciation du caractère sérieux des études des étudiants étrangers". Elle était d'ailleurs adressée aux préfets (de région, de département, de police), mais pas aux rectorats ni aux universités elles-mêmes. Cette circulaire