Le philosophe Montaigne fut un des auteurs les plus passionné par le vin. Son approche du vin fût de plus, très moderne. Revenons d’abord rapidement sur son oeuvre. Michel Eyquem de Montaigne ou plus simplement Michel de Montaigne est un philosophe humaniste, moraliste et un homme politique français de la Renaissance. Il est l’auteur des Essais, premier ouvrage de ce genre de l’époque moderne.
Dans cet ouvrage qu’il entame à partir de 1571, il prend l’homme et en particulier lui-même comme objet d’étude. Il y annonce « Je veux qu’on m’y voie en ma façon simple, naturelle et ordinaire, sans contention et artifice : car c’est moi que je peins. » (« Avertissement au lecteur »). Le projet de Montaigne était de lever les masques, de dépasser les artifices pour se découvrir lui-même. Proche de Henri de Navarre, futur Henri IV, il eut une activité politique qui le conduisit à être maire de Bordeaux de 1581 à 1585.
Montaigne et le vin
Elevé au château de Montaigne dans le vignoble de Montravel Montaigne possédait des vignes et témoignait d’une passion pour le vin. Il condamnait en outre l’ivresse car elle nuit à la santé et à l’esprit dont elle « fait déborder les plus intimes secrets » (Les Essais Livre II, chap 2) et défendait alors une consommation modérée, basée sur le plaisir. Des principes que de nombreux amateurs de vins ont repris aujourd’hui.
La cave de Montaigne
Il fit référence dans ses œuvres aux vins qu’il affectionnait, notamment lors son voyage en Europe de 1580 à 1581, dont les principaux sont les suivants :
Montravel
Haut-Montravel
Il se retira à la fin de sa vie dans son domaine viticole au cœur de son domaine de Montravel pour se livrer à l’étude, à la méditation et rédiger ainsi les Essais. Il s’inspira alors du vignoble du Montravel dont il était originaire pour les passages consacrés à la vigne et au vin. Citons notamment le passage dans lequel il indique l’influence de ces dernières dans sa vie :« Les vignes qui sont des jardins et lieux de plaisir, de beauté singulière et là où j’ai appris combien l’art pouvait de servir bien à point d’un lieu bossu, monteux et inégal. » Les Essais, p 229
Alsace Grand Cru Rangen (Riesling / Pinot Gris / Gewurztraminer)
De passage à Thann en 1580, il fit l’éloge du vignoble de cette ville dont la totalité est aujourd’hui classée Grand Cru Rangen.
« Vinmes souper à Tane, quatre lieues, première ville d’Allemagne, sujette à l’empereur, tres belle. Lendemain au matin trouvâmes une belle et grande plene, flanquée à main gauche de coutaux pleins de vignes, les plus belles et les mieux cultivées, et en telle estendues que les Guascons qui estoient la disoint n’en avoir jamais veu tant de suite. » Journal de Voyage
Pauillac: Château Latour
Montaigne cite les vignes de la Tour dans Journal de Voyage sans toutefois faire de commentaires sur le vin.
Montecarlo
Colline Lucchesi
Dans la villa où il séjourna pour une cure, il critiqua les vins de la province de Lucques, Montecarlo et Coline Lucchesi.
« Le vin n’y est guère bon mais qui veut en fait porter ou de Pescia ou de Lucques. » Journal de Voyage, p 269
Colli di Luni
Près de Carrare, il fit une remarque d’une stupéfiante actualité au sujet du vin local.
« J’étais forcé de boire ici des vins nouveaux, car on n’en pas d’autres dans ce pays. Ils ont le secret de les éclaircir avec des copeaux de bois et des blancs d’oeufs de manière qu’ils sonnent la couleur du vin vieux mais ils sont je ne sais quel goût qui n’est pas naturel. » Journal de Voyage, p 354