Présentés et annoncés comme les MGMT de 2009, comparaison qui soit-dit-en passant commence à nous les briser, mais qui pour une fois s’accorde à peu près (duo électro pop, univers visuel flamboyant, pseudo quête spirituelle sous forme de Carpe Diem), Empire Of The Sun est quoi qu’on en dise indissociable d’un certain aspect cinématographique. Le nom déjà, tiré du roman de J.G. Ballard et du film homonyme de Spielberg, ensuite l’engouement pour The holy mountain (1973), film raccord avec l’univers du duo, et enfin cette volonté de tourner un clip par titre de l’album. Iront-ils d’ailleurs jusqu’au bout ? J’en doute.
Bon, et que se passe-t-il quand on actionne la touche Play ? Ca commence plutôt pas mal. "Standing on the shore" démarre en douceur, fait monter la pression, jusqu’à ce que Luke l’ouvre, suivi de près par une horde de chœurs rétro-pop. Et là c’est le drame. Cette voix que l’on appréciait tant sur Lovers en 2003 semble ici calquée sur celle d’ Adrew VanWyngarden, et l’on y croit plus. Ce titre, très représentatif du reste du disque, nous mène au triste constat que j’essaye de vous expliquer : ça aurait pu être bien, mais non. Même en utilisant tous les gimmicks catchy, c’est mou, et c’est là que le bât blesse. Là où MGMT arrivait à nous emmener à l’aide d’une basse toute simple, Empire Of The Sun n’y arrive pas, et ne décolle vraiment jamais. Même constat amer pour "Walking on a dream", censé être l’un des tubes du disque. Distrayant et immédiat, mais c’est tout, même pas entraînant.
Géniaux, visionnaires, audacieux ai-je pu lire sur les blogs internationaux. Impossible quand cinq titres sur disques (je vous épargne les noms) semblent si conventionnels et inutiles, voire insupportables (les chœurs à l’hélium de "Delta bay"). Et que fait ce slow "Without you" en queue de peloton ? Censée remette au goût du jour le néo-romantisme à la Gary Numan, le crêpe tombe largement à côté. Ou encore ce faux morceau de funk bizarroïde "Swordish hotkiss night". Luke Steel irreconnaissable a semble-t-il déclaré avoir voulu privilégier l’écriture spontanée, à la différence de son travail sur les Sleepy Jackson. Bien mal lui en a pris. En fait au bout du compte il ne reste plus qu’un titre qui fonctionne avec moi, "We are the people", qui commence en guitare et tourne en hymne pop à mi-chemin entre Fleetwood Mac et Mercury Rev. Tous en chœur : "I know everything about you, you know everything about me, we know everything about us" ! C’est pas du Shakespeare mais ça stimule.
En bref : Pourquoi tant de haine ? Parce qu’avec le patrimoine génétique de ces deux gai-lurons déguisés on aurait pu obtenir un peu plus que cet album kitchissime et mou du genou sauvé par quelques rares moments de semi-inspiration.
Le Myspace
S’inscrire ici pour un remix de Sam La More, pas trop mal
A lire aussi : The Sleepy Jackson - Lovers (2003)
Les clips de "We are the people" et "Walking on a dream" :