Il s’agit de ma première véritable rencontre avec John Le Carré. Je dis "véritable" car j’avais lu il y a une bonne quinzaine d’années, et avec intérêt, ses entretiens avec l’espion suisse Jean-Louis Jeanmaire dans Une paix insoutenable (qui ne semble plus dispo aujourd’hui). Un homme très recherché est donc mon premier roman de Le Carré.
On s’en doutait, il y a des espions. Beaucoup: des Allemands, des Américains, des Anglais. Y a aussi des Turcs qui demeurent à Hambourg, des musulmans tchétchènes et des truands russes. Heureusement, l’histoire très simple d’Un homme très recherché fait que l’on s’y retrouve sans mal dans cette soupe multiculturelle. L’histoire, c’est celle d’Issa, jeune musulman fraîchement débarqué clandestinement à Hambourg. Issa intéresse la plupart des services secrets internationaux car on le croît étroitement lié à une cellule terroriste très active. Pourtant, Issa semble inoffensif aux yeux de son avocate, Annabel Richter, et du vieux banquier Peter Brue qui abrite dans sa banque une somme colossale léguée à Issa résultant des activités illicites de son père en Russie.
C’est sur ce dernier trio que Le Carré va surtout concentrer son récit. On a donc affaire à une histoire très humaine sur fond de thriller, un peu à la manière de La constance du jardinier . Le combat que livre Richter et Brue pour sauver Issa des griffes des services secrets finit par rendre le roman passionnant après une ouverture de 60-70 pages où l’idée de passer à un autre livre m’a effleuré l’esprit. La finale est digne d’un thriller d’espionnage hollywoodien. Il y en a donc pour tous les goûts dans ce très beau livre écrit par un homme qui a aujourd’hui… 77 ans!
À noter aussi la remarquable traduction de Mimi et Isabelle Perrin. La qualité de l’écriture joue pour beaucoup dans le plaisir que j’ai eu à lire ce livre.