Apparemment, les Nottingham Lads à Bordeaux, ça faisait longtemps. Je ne vais pas dire que je n’étais pas né mais presque. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le groupe fer de lance d’une certaine génération indie pop anglaise, celle des 90’s, a su malgré sa longue absence maintenir une sorte de fascination et d’attachement chez et pour le public français, venu en masse ce soir. Cinq ans, c’est à peu près la période où l’on est resté sans nouvelle de Stuart Staples et de sa bande. Formé en 92 et actif jusqu’en 95, puis présent sous diverses formes (albums solos, bandes originales de films, participations…), personne n’a manqué le retour de Tindersticks l’année dernière, sous sa forme originelle en trio (Stuart Staples au chant, Neil Fraser à la guitare et David Boulter au piano) avec le magnifique album The Hungry Saw largement salué par la critique. C’est ce disque et cette carrière que le groupe vient défendre ce soir.
Toujours adepte d’une combinaison pop /soul /jazz, tantôt richement orchestré, tantôt minimaliste et d’inspiration classique, le son Tindersticks semble avec l’âge s’être débarrassé des ses dissonances passées, et se concentre désormais sur un spleen vénéneux non dénué d’humour. Une mélancolie de chaque instant ("Boobar come back to me", snif !), portée par cordes et claviers reconnaissables entre mille, et relevée de temps à autres par des cuivres du plus bel effet ("Yesterday tomorrow" est à ce sens l’un des plus morceaux du disque).
Mais l’attraction reste on s’en serait douté reste la voix suave et feutrée de Stuart, à présent installé en France, dont le songwritting continue de nous ensorceler, à la fois dépressif et poignant. Une écriture racée et ténébreuse, au romantisme on ne peut plus sombre (voir "The other side of the world") qui m’évoque par moments Léonard Cohen, Scott Walker ou même Silver Jews. Soucieux de leur image mais à mille lieues des modes, fidèles à leur public mais ouverts à d’autres horizons, les Tindersticks réussissent là où Swell à échoué cette année, à savoir revenir en grande pompe, toujours aussi mélancoliques mais jamais chiants.
Le site officiel, le Myspace et The Hungry Saw sur Deezer
A lire aussi : Okkervil River - Concert à l’Alhambra de Paris le 03/11/08
_
"The hungry saw" en live acoustique :