Magazine Insolite

Je ne sais pas trop quoi en penser et vous ?

Publié le 08 février 2009 par Aurélien Boillot
CALAMITA COSMICA
Aurait-on retrouvé le squelette du cousin issu de germain de Pinocchio ? Ou la dépouille de Sieur Cyrano de Bergerac ?
Que nenni...
Réalisé dans le plus grand secret, cet impressionnant squelette long de 24 mètres fut longtemps dissimulé aux regards.
Il est l'oeuvre de Gino De Dominicis. Décédé en 1998 à Rome, l'artiste était connu pour être solitaire, allergique à toutes les modes, volontiers sarcastique et provocateur, conceptuel pour certains, pataphysicien et poète. Il se plaisait à se définir lui-même comme peintre, sculpteur, philosophe et architecte. La complexité de sa personnalité paradoxale et ténébreuse ainsi que le secret qu'il cultive soigneusement contribuent à créer autour de Gino De Dominicis un halo de mystère et à fonder de son vivant même un véritable mythe. Son oeuvre atypique et inspirée ne s'inscrit dans aucun courant spécifique, troublante figure isolée, l'artiste remonte à la source des mythes et dans sa quête de l'immortalité revivifie un âge archaïque suspendu hors du temps commun.
Ce squelette à faire rougir le plus grand des rorquals a des dimensions hors du commun. Il est exposé pour la première fois en 1990 à Grenoble dans le cadre de l'importante rétrospective que le musée d'art contemporain consacra à l'artiste. Il est ensuite montré à la Reggia di Capodimonte de Naples en 1996. Finalement, suite à la mort prématurée de l'artiste, il est désassemblé et déposé dans l'espace clos de Castel Sant Elmo à Naples, inaccessible au public. Préalablement restaurée, Calamita Cosmica réapparut d'abord, le 26 juillet 2005 sur la place d'Ancona, la cité natale de son créateur.
Le titre de l'oeuvre: "aiguille aimantée cosmique" souligne les raports que la haute tige dorée, posée en équilibre sur le majeur du squelette entretient avec l'univers. Dressée verticlamenet à la manière des gnomons des ancestraux cadrans solaires, elle mesure aussi un temps immémorial, celui des "créatures mythiques".

Cette image stupéfiante renvoie aux interrogations relatives à la vie, à la mort, à la destruction et à l'immortalité qui hantent l'oeuvre de l'artiste. Sa présence hiératique est ironiquement désacralisée par l'étrange appendice nasal, en forme de bec d'oiseau. Cette déformation élégante qui revient de manière récurrente dans l'iconographie de Gino De Dominicis est diversement interprétée: masque de Gilgamesh, le héros qui recherche l'immortalité, mutation génétique d'un être provenant d'une autre dimension, prêtre sumérien... Quoiqu'il en soit, le mystère persiste et nous renvoie, sidérés, à notre propre épopée.
REST IN PEACE...

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