Rôder dans les confins… le ventre plein
Publié le 08 février 2009 par Irene
« Travaillez moins pour lire plus ». J’ai déjà remarqué avec amusement cet écriteau sur la porte d’une librairie de Tours. Je le retrouve sur le marque-page glissé dans le dernier ouvrage de Kenneth White (Les Affinités extrêmes, joli titre), que je viens d’acheter dans une librairie d’Aurillac, où je viens de dédicacer mes deux derniers bouquins. Ce livre, dit le poète écolo d’origine écossaise dans son avant-propos, est un « manifeste anti-médiocratie », qu’il définit comme « une caricature de la démocratie où le médiocre est la valeur de référence ». Avec le nomadisme intellectuel qui lui est propre, Kenneth White explore dans cet essai les œuvres des auteurs qu’il estime être parmi les plus stimulants de notre époque (Michaux, Céline, Cioran…).
J’ai eu l’immense privilège de le rencontrer dans son « atelier atlantique », il y a deux ans précisément. Dans les combles de sa maison bretonne, à même le jonc de mer, une multitude de dossiers étaient alignés méthodiquement, entravés par des galets comme si un coup de vent risquait de les faire s’envoler. Les murs étaient recouverts de cartes topologiques, météorologiques…
Sur le chemin de fer qui me ramène vers le Val de Loire, je me souviens de ses mots : « Nous sommes arrivés au bout du “ chemin du faire ” de l’Occident. Nous sommes dans un creux rempli de riens. Seule la planète constitue notre dénominateur commun. » Belle invention que la pensée pour rôder dans les confins, loin de la médiocrité du quotidien. Je ne me sens jamais mieux qu’entre l’errance et… ma résidence. Quand on n’est déjà plus ailleurs, mais pas encore tout à fait là-bas.
Mais point de réflexion sans vaches et sans cochons : j’ai 900 g de salers tip top dans ma valise à roulettes, un super saucisson et une bouteille de palhàs qui leur tient compagnie. Merci Sylvie !
Photos : Ailleurs, quelque part dans le Cantal, où gambadaient quelques chamois. Le puy Mary, pyramide parfaite sous un ciel gris.