De quoi nourrir des regrets. Irlande 30 - France 21

Il y a deux ans, au même endroit, le XV de France avait remporté un match qu'il aurait pu, qu'il aurait dû perdre. On a un peu le sentiment que l'inverse s'est produit samedi au Croke Park de Dublin.

Même s'il n'est pas certain que l'équipe de 2007 aurait gagné hier, on se dit que certaines des vertus de l'équipe victorieuse conduite par Raphaël Ibanez auraient été fort utiles hier. En particulier s'agissant de la défense. On a vu de belle cartouches et une envie indéniables. Malheureusement, trop de plaquages ratés ont permis aux Irlandais de passer deux fois de manière décisive une ligne insuffisamment hérmétique. On pourrait pointer les erreurs individuelles, mais c'est surtout collectivement que l'équipe de France a pêché dans ce domaine.

Autre secteur dans lequel la France a été mise en difficulté, celui de la touche. certes en face, il y avait sans doute ce qui se fait de mis en Europe. Mais il est également certain qu'on ne peut se contenter d'admirer la mécanique adverse et d'espérer les prendre dans un autre secteur du jeu. Les Irlandais se sont montrés les plus dangereux en attaque sur des lancements opérés à partir de la touche. A ne pas pouvoir contester les ballons, ni même tenter de désorganiser l'alignement Irlandais, les Français ont donné aux homme de Paul O'Connell des occasions de leur faire mal. Et inutile de dire que les vieux briscards du XV du Trèfle ne s'en sont pas privés.

Enfin, comment ne pas parler de la discipline. Trop pénalisés, à des moments du match importants où dans des zones décisives, les partenaires de Lionel Nallet ont constamment remis leurs adversaires dans le match, et leur ont offert des lancers en touches qui se sont révélés cruciaux. Sans parler des trois pénalités inscrites par un Ronan O'Gara pourtant peu en réussite.

Sur la question de l'arbitrage, les observateurs les moins partisans parleront d'extrème sévérité de la part du Gallois Nigel Owens. Quant aux autres...

En tout état de cause, l'équipe Irlandaise, dont le pack était en quasi-totalité constitués d'avants du Munster, ont appliqué à la lettre les recettes éprouvées de la province en question. Pas étonnant quand on sait que le nouveau sélectionneur des verts een st l'ancien entraineur. Toujours est-il que les avants du Munster, pardon, du XV d'Irlande, ont beaucoup utilisé le pick-and-go, bénéficiant aux yeux des plus critiques, des largesses du corp arbitral, largesses qui n'ont joué que dans un sens. On remarquera que rarement le taiseux et respectueux capitaine Français, Lionel Nallet, a autant manifesté son incompréhension devant les décisions de Monsieur Owens...

Cette équipe d'Irlande a beau être vieillissante, elle reste redoutable, en particulier à domicile. Elle ne fait rien d'extraordinaire mais sait, sur quelques actions, s'en remettre au savoir-faire de ses avants et aux qualités d'appuis de ses trois-quart. Brian O'Driscoll semblait avoir retrouvé ses jambes d'il y a trois ans, et la rentrée de Gordon d'Arcy a démontré que cette paire de centre est encore indiscutable en équipe nationale.

Coté Français, les regrets sont là. Car cette équipe a affiché des qualités indiscutables. On relève que la mêlée tricolore a largement soutenu la comparaison, et la distance. Le choix de la première ligne comme de la deuxième s'est donc révélé plutôt judicieux. Les Chabalomanes se réjouiront de la performance de leur idole. Quant à la troisième ligne, elle est apparue plutôt à son avantage, en particulier Imanol Harinordoquy, auteur d'une prestation de très haut niveau.

La charnière n'a quant à elle pas trop grincé. Même si on regrette que Sébastien Tillous-Borde n'ait pas toujours fait les meilleurs choix, ce dernier n'a pas déçu.

Et Lionel Beauxis ? On peut lui reprocher un  jeu au pied parfois discutable, mais ce travers a également frappé ses coéquipiers. Ses talents de buteur ont été précieux, et il n'a pas hésité à attaquer la ligne, ce qu'il ne faisait pas jusqu'à présent.

Les trois-quarts n'ont brillé que par intermittence et ont parfois manqué de lucidité dans leur choix et dans leur placement. On pense notamment à Julien Malzieu lors d'une percée remarquable de Sébastien Chabal. Il aurait dû être au soutien extérieur pour un essai imparable...

On pense également à Yannick Jauzion, dont la performance ne restera pas dans les annales. Même s'il n'a pas forcément eu pléthore de ballons à négocier, il n'a pas réussi à les bonifier comme il le fait si souvent habituellement.

Maxime Médard a été l'une des satisfaction tricolore. Son essai, fruit d'un joli travail de Lionel Beauxis, démontre ses qualités offensives. Peut-être son placement à l'aile ne lui permet-il pas d'exprimer l'étendue de ses capacités. Mais il n'en demeure pas moins un gage très sûr que la "qualité française" en matière d'ailiers a de beaux jours devant elle.

Enfin, Clément Poitrenaud a alterné le bon et le moins bon. Il devrait poursuivre à son poste contre l'Ecosse.

Au final, on regrette que cette équipe de France, animée d'intentions offensives beaucoup plus intéressantes qu'à l'automne dernier, ne soit pas parvenue à régler davantage son jeu et ait manqué d'agressivité dans les rucks pour "discipliner" des Irlandais peu sanctionnés par l'arbitre et favoriser des sorties de balles plus rapides.

Il faut donner du temps à cette équipe. Cela ne signifie pas qu'il faille fermer trop longtemps les yeux sur ses lacunes. Il faut permettre aux joueurs de s'entrainer et de jouer ensemble plu souvent et plus régulièrement. C'est à cette condition que les automatismes offensifs comme défensifs pourront se mettre durablement en place.

Et la jeunesse d'une grande partie de l'effectif plaide en ce sens.

Enfin, on se réjouira, malgré tout, de la réponse apportée par Marc Lièvremont et ses hommes aux critiques des médias britanniques.

Hier, ce ne sont pas les hommes en bleu qui ont galvaudé le Tournoi...