Viou -Henri Troyat
Editions J'ai lu - 190 pages.
A huit ans, Viou - de son vrai nom Sylvie fait déjà l'apprentissage de la vie. Elle voudrait tout aimer, tout partager, mais le monde des adultes est si étrange, si effrayant parfois.
Dans cette silencieuse maison du Puy, elle grandit entre des grands-parents qui l'aiment, mais répondent mal à ses peines, à ses questions angoissées. C'est que l'ombre de deux absents enveloppe
la petite fille...
Son père est mort dans les combats de la Libération, deux ans auparavant, et le choc fut tel pour Viou qu'il ne lui reste que quelques images brouillées, brisées.
Sa mère très chérie vit à Paris. Mais comment lui dire, avec de pauvres mots, à quel point elle lui manque ?
Viou a huit ans. A la mort de son papa, elle est partie vivre chez ses grands-parents, au Puy. A l'école, elle est plutôt dans les dernières.
Sa maman lui manque. Elle ne peut venir la voir que pendant les vacances. Elle est alors la petite fille la plus heureuse du monde.
La vie au Puy n'est pas toujours facile. Viou se sent un peu seule chez ses grands-parents. Elle ne se sent pas toujours comprise. Grand-mère voue un culte sans borne au souvenir de papa et prie
beaucoup. Elle et grand-père ne s'entendent pas très bien.
Viou ne se souvient pas très bien de son papa et cette photo, dans sa chambre ne lui ressemble vraiment pas.
Heureusement qu'il y a Toby, le chien de grand-père, toujours là pour lui apporter soutien et réconfort.
Extraits :
"Les pleurs l'étranglaient. Elle respirait par saccades. Et Toby léchait les larmes sur ses joues. Auprès de lui, elle se sentait à la fois désespérée et en sécurité. Il la protégeait contre
la foudre du ciel et les reproches des hommes. Elle éteignit la lampe et, alors, elle n'eut plus un chien dans ses bras, mais quelqu'un de très intelligent, de très doux, de très fort. Quelqu'un
qu'elle avait perdu, deux ans auparavant, et qui revenait pour la consoler. Non pas le coulissier Nestor, tel qu'il était, figé et redoutable, sur le portrait du salon, mais son vrai papa, dont
elle se souvenait si mal. Un bonheur triste l'envahit." (page 68).
"Sylvie se jeta contre sa mère avec tant de force que toutes deux chancelèrent. Le bonheur éclatait dans sa tête en fanfare. Elle avait retrouvé sa source." (page 99).
Henri Troyat a su une fois de plus combler mes attentes avec ce roman sur la mort, l'absence, vue par des yeux d'enfant. Je suis rentrée dans l'histoire, émue par cette enfant. Henri
Troyat a su me toucher avec des mots simples, me transporter dans l'univers de cette fillette, me faire partager son incompréhension et ses souffrances.
J'aime beaucoup le dessin de la petite fille sur la couverture de cette édition. Tout comme Viou, elle semble méditer sans les comprendre sur les attitudes des adultes.
Henri Troyat est un de mes auteurs fétiches !
Viou d'Henri Troyat a été lu dans le cadre du