MALLARME écrit ...

Par Elisabeth Leroy

Le 5 décembre 1865, MALLARME écrit à CAZALIS :

"Ah ! ce poème, je veux qu'il sorte, joyau magnifique, du sanctuaire de ma pensée, ou je mourrai sur ses débris ! N'ayant que les nuits à moi, je les passe à en rêver à l'avance tous les mots".

Ecrire un poème, c'est pour MALLARME amener au jour l'impuissance ; ou c'est concevoir sans cesser d'être vierge, comme visité par le bleu du ciel et par lui seul. C'est mettre à nu un songe, plutôt qu'un corps mortel. Si travail il y a il consiste moins en un accouchement véritable qu'en ce que VALERY appellera plus tard le "travail du travail" c'est à dire un engendrement qui se retourne lui-même et qui fait du poème un objet intransitif valant en définitive par la conscience, la connaissance de soi à laquelle il fait accéder celui qui l'écrit.

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