Depuis début 2007, les banques ont l'obligation de respecter un nouveau ratio Tier I, tel qu'adopté par Bâle II. Ce qui le diférencie du précédent c'est la prise en compte, pour sa valeur
réelle, des investissements. Ainsi, même si le ratio n'a pas changé (il est resté à 8%), il a été désormais permis au banques de pondérer les montants en fonction de ses procédures internes de
management des risques; ces dernières utilisent des "probabilités" de défaut de remboursement et des "estimations" de pertes qui en résulteraient. Tous les emprunteurs ne sont pas logés à la même
enseigne et pour certains d'entre eux, ce sont les agences de notation qui vont grandement influencer ces probabilités. En apparence, cette méthode était censée représenter plus justement la valeur
des actifs. En réalité, on était -comme dans beaucoup de domaines- en plein syndrome "Monsieur Plus", le but étant de créer plus de valeur avec moins de fonds propres. Aujourd'hui la valorisation
de ces actifs permet de les diviser en trois grands groupes:
- ceux dont la valeur est connue et relativement stable sur l'exercice;
- ceux dont la valeur est connue et qui ont chuté de façon spectaculaire;
- ceux dont la valeur est indéterminée.
Il devient périlleux de se lancer dans l'évaluation de ces actifs, l'évaluation n'étant pas neutre.
Quand tout va bien, les agences de notation notent le risque AAA (à moins que ce ne soit pour faire plaisir à leur client, sans aucune déontologie... Ce qui est possible vu le changement de
notation du jour au lendemain pour certains actifs "toxiques" typiquement !!). Par ailleurs, les actifs cotés sont "chers" en temps normal, car tout le monde veut des actions (la prime de risque
est faible). Et enfin, les produits spéciaux ont une cote, non pas en fonction du risque, mais du rendement attendu (et pour le risque, et bien, on verra...).
Bref, tout ceci fait que les actifs en général sont énormes, et cela en particulier implique que les banques ont les moyens de prêter beaucoup, et sans être trop regardantes...
C'est le coeur du problème. En étant peu regardantes sur les qualité des emprunteurs, ou en négligeant les garanties, quand cela commence à mal tourner, le secteur est vite rattrapé par ses
manquemants. Les produits à valeur indéterminé se retrouvent sans valeur marchande (ce sont des titres illiquides, "pourris" pour certains), et la Bourse baisse fortement. Cela rend les banques
plus fragiles : Même si les emprunteurs ne voyaient pas leur situation changer, la banque couperait le robinet à crédit pour manque de fonds propre. Et là, on commence à voir le cercle
infernal:
* Plus de crédit aux entreprises --> Cela pousse celles-ci à la faillite.
* Plus de crédit aux particuliers --> La consommation flanche, et indirectement met des travailleurs au chomage
* Chomage --> Moins de consommation
* Moins de consommation --> Fragilisation des entreprises, voire faillite, ...
Qu'a-t-on fait ?
- On a commencé à baisser les taux d'intérêts pour relancer le crédit, l'investissement;
- Certaines banques ont été recapitalisées, voire nationnalisées. Pour l'exemple, et éviter de faire croire que les banquiers ne sont jamais punis, on a mis en faillite une banque non
commerciale;
- On a déversé de l'argent sur les marchés: des sommes considérables ont été injectées dans le système;
Tout cela n'a rien fait, ou presque. La contagion à l'économie réelle a été, dès lors, inévitable. Et la cause en est très simple: face à tant d'incompétence dans le système (prêt sub-prime;
titrisation sans maîtrise des risques, ...), les intervenants ont totalement perdu confiance. A tel point qu'ils valorisent les actifs sous les fonds propres, ce qui n'est jamais arrivé !
Alors que faire ?
Pour tenter de redonner confiance, quitte à absoudre les banques fautives, aux USA, ils ont décidé de créer des "Bad Bank". Il s'agit de regrouper des actifs dits
"toxiques" dans une poubelle financée par l'Etat. Ce n'est pas la première fois qu'on utilise une telle structure. Avant le plan Pauslon, d'autres l'ont utilisé, en particulier en suisse pour
UBS.
Si on remonte dans le passé, c'est une structure similaire qui a permis aux "Caisses d'Epargne" américaines de s'en sortir dans les années 90. Il s'agissait à l'époque de "junk bond", d'obligations
pourries. Le Résolution Trust Corp (RTC) a été créé pour liquider ses actifs pourris, à l'image des "bad bank" actuellement en discussion. Si l'histoire se répète, il faudra une dizaine
d'année pour liquider les actifs pourris, et ça ne coutera quasiment rien au contribuable américain.... La condition est évidemment une juste évaluation des actifs avant transfert vers cette
fameuse "bad bank" des actifs illiquides.
Et plus proche de nous, nous avons l'ardoise du Crédit Lyonnais qui a coûté si cher aux Français (et qui continue à coûter cher, car la partie "Banque d'investissement" du CL qui a géréné l'aspect
<<toxique>> est maintenant aux mains du Crédit Agricole qui a racheté la banque !). A l'époque (1995), le gouvernement avait créé un Consortium de Réalisation" (CDR), chargé lui
aussi de se défaire des créances douteuses en possession de la banque. Cela a coûté environ 10.000Francs par français d'impot supplémentaire.
Espérons simplement que cette nouvelle piste redonne confiance au marché, et ne serve pas simplement à absoudre les banques de leurs erreurs passées.