Non, la crise n’est pas la véritable raison d’une suppression (transformée le lendemain en diminution) d’un impôt qui pèse finalement peu dans l’ensemble des charges de l’entreprise. Au même titre que les 35 heures, l’abolition de la taxe professionnelle demeure le vieux rêve du Medef et de ses puissants lobbies.
Les quinze milliards du bouclier fiscal offerts aux Français les plus aisés sont de la même veine. Nicolas Sarkozy s’appuie sur un courant de pensée qui n’est pas sans faire songer aux néo-conservateurs américains. Bien sûr, Bill Kristol ou Robert Kagan ne sont pas à l’Elysée, mais comme eux, ils n’ont pas de mots assez durs pour dénoncer l’héritage de mai 68, pas de cesse de revenir au centralisme jacobin. La décentralisation voilà bien l’autre faute originelle.
Avec un populisme exacerbé basé sur « moins d’échelons, c’est moins d’impôts », mieux que tous les rapports commandés pour en finir avec le « millefeuille territorial », l’asphyxie des collectivités territoriales se révèle plus efficace que n’importe quel projet de loi. Le garrot est déjà en place. Chaque transfert de charges correspond à un tour de vis supplémentaire, la disparition (totale ou partielle) de la taxe professionnelle à un autre.
En réduisant l’autonomie des collectivités, en détricotant une décentralisation synonyme d’avancée démocratique et de qualité du service rendu à la population, en rêvant à un démantèlement des régions, le Gouvernement s’en prend à la République. Celle de Grévy, Poincaré, Jaurès, Doumer et Hugo, désormais abaissée au niveau de la nouvelle république des experts du Président.
Premier Secrétaire Fédéral de l’Aisne du Parti Socialiste.