matali crasset est la designer dont tout le monde parle. Elle aime la couleur, le questionnement des codes et la liberté…
Il y a quelque temps déjà, je vous parlais ici de son exposition « Permis de construire » à laquelle il faut courir à la Cité de l’Architecture avant le 9 mars…
N’ayant pas pu assister à sa conférence « Comment pousser les murs de sa chambre » (organisée mercredi dernier dans le cadre de l’exposition), et en ayant ressenti de la frustration, ce matin, je suis allée la rencontrer dans sa grande maison-atelier sise dans un passage arboré, calme et insoupçonné en plein Belleville. Et voilà ce qu’elle nous fait partager :
Les Yeux : Dites moi, matali, elle était comment votre cabane de petite fille ?
Elle était en paille… A l’époque mon père avait des moutons, et donc des bottes de paille… C’était une cabane très élaborée, avec un long tunnel qu’il fallait franchir avant de pénétrer dans la maison. Nous y avons passé de longues heures à nous faire peur…
Les Yeux : Comment appréhendiez vous l’espace lorsque vous étiez enfant ?
Comme tous les enfants, je crois. Mais comme je vivais dans un petit village du Nord-Est de la France, à la campagne, l’espace tout entier était terrain de jeu, laissant à chacun une très grande liberté d’appropriation. Ici en ville, tout est construit… Là bas, nous avions une autre relation au temps, l’espace changeait avec les saisons, nous pouvions physiquement explorer beaucoup plus qu’un petit urbain.
Les Yeux : Si vous deviez faire appréhender l’espace qui l’entoure à un enfant, quelle(s) activité(s) lui proposeriez-vous ?
Je resterais fidèle à mon credo de toujours : la modularité de l’espace. Que l’enfant reste libre de choisir la taille, l’organisation intérieure… Les enfants ont en effet une manière d’appréhender l’espace bien différente de celle des adultes trop ordonnés… Pour un enfant, un tout petit espace peut devenir un palais, et au sein de ce palais, les fonctions quotidiennes sont flexibles, rien n’est figé… C’est pour cette raison que je travaille grâce à des systèmes de modules.
Les Yeux : « Fais attention au canapé ! », que vous inspire cette injonction parentale ?
Le canapé, dans lequel les parents ont souvent beaucoup investi, n’est en général « habité » que 2/3 heures par jour, alors même qu’il prend une très grande place. Il y a quelques années, avec ma pièce « permis de construire », j’ai donc travaillé sur cette idée que les enfants pouvait, dans la journée, récupérer cet espace pour en faire un terrain de jeu.
De même, j’ai conçu des objets autour de l’idée même de partage enfants/parents. L’oritapis, par exemple est à la base un tapis tout plat, mais il peut se transformer en 3D et ainsi ressembler à une barque ou un terrier de petit animal, etc…Bref, je me bats depuis toujours contre le zoning !
Les yeux : l’exposition « permis de construire » prendra malheureusement fin le 9 mars, avez-vous d’autres projets liés au monde de l’enfance ?
Oui, je travaille actuellement sur le projet de Maison des petits qui ouvrira au printemps au 104, lieu de création et de production artistique. Cette maison, ouverte aux enfants de 0 à 5 ans accompagnés de leurs parents, sera un espace de socialisation, d’échanges, d’écoute et d’ouverture à la création puisque les artistes en résidence au 104 y développeront des dispositifs spécifiques pour le jeune public.
Je me suis également associée au projet « Ma maison en 2050 » développé par le centre Pompidou…
Merci beaucoup matali…
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Les visuels publiés dans cette interview illustrent le travail de matali crasset. Crédits photographiques : Patrick Gries. Oritapi et permis de construire édités par Domeau et Pérès à Lieu Commun.
posté le 24 février à 09:59
Inreview inrersessante."je me suis permis de reprendre un extrait, pour le devoir de mes élèves. penhouetwebpedagogique.