Le discret anneau d’or à mon oreille gauche, je l’ai retiré depuis bien longtemps à la demande expresse de ma femme qui n’est pas très rock’n roll il faut bien en convenir. Nobody’s perfect ! Telle était la réplique finale du film bien connu et dont j’ai fait une de mes devises pour accepter ce monde bien étrange. Ces dernières semaines, c’est le reste de ma bijouterie qui m’a abandonné. D’abord ce fût ma bague, une bimbeloterie sans valeur marchande mais à laquelle j’étais attaché. Sur l’anneau une pierre noire alternait deux fois avec un lapis-lazuli et cette association de couleurs noir et bleu azur me plaisait beaucoup. J’avais déjà perdu une pierre, cette fois c’est l’anneau qui s’est fendu. Poubelle. Quelques jours après, mon pendentif m’a lâché lui aussi. Je l’avais acheté à San Francisco il y a une quinzaine d’années. Petit et discret, en forme de goutte, il avait été fabriqué artisanalement par des Indiens Navajo avec un lapis-lazuli dont la couleur s’alliait à merveille avec ma bague. Le minuscule anneau permettant de le suspendre à ma chaîne s’est cassé. Poubelle encore. Nu comme au premier jour, je passe mon temps depuis à me tripoter l’annulaire à la recherche de ma bague perdue, comme un amputé cherche à se gratter sa jambe disparue. Il va falloir que je lui trouve une remplaçante mais on n’achète pas une bague comme cela, il faut qu’elle plaise, il faut un coup de cœur. Un bijou c’est un aspect de sa personnalité. Le précieux ne me tente pas, donc je ne crains pas pour ma bourse, mais la forme, la pierre et surtout la taille doivent être finement étudiées pour atteindre le but recherché. La chasse est ouverte.