Thieves, par The Organ

Lorsque les 5 filles de The Organ ont sorti "Grab That Gun" en 2005, ce dernier a reçu un accueil plus qu'enthousiaste, et ce n'était que justice. Beau et froid, le disque faisait cohabiter les influences de The Smiths, New Order ou encore The Cure. Pas joyeux pour deux sous, il témoignait surtout d'une impeccable maîtrise mélodique de la part des Canadiennes, qui trouvait dans la voix de passionaria de Katie Sketch un magnifque prolongement.
Mais en les cataloguant comme faisant partie d'un "groupe lesbien", l'industrie du disque n'a sans doute pas contribué à la pérennité du groupe, pas plus que les (en tout cas supposés comme tels) mauvais caractères des cinq filles. Le groupe a disparu presque aussi vite qu'il est apparu, laissant les fans faire tourner en boucle "Steven Smith" ou "Brother" pour profiter de la mélancolique et enlevée plume de Katie Sketch et ses acolytes. Puis en 2008, scoop : il reste du matériel aux 5 pour faire un EP, elles se rejoignent pour poser tout ça sur disque, tout en précisant bien que ce sera leur dernier production en tant que The Organ.
Six titres, c'est tout ce qu'elles ont offert, triste chant d'adieu pour une écriture aussi fine. Mais on sent aussi poindre une certaine lassitude chez le groupe de Vancouver. Le clavier se fait souffreteux ("Even in the Night", "Fire in the Ocean") les rythmiques sont encore plus tendues et agressives, et les titres s'enchaînent à tout vitesse (mais "Grab That Gun" ne durait déjà que 29 minutes). Mélodiquement, le disque reste irréprochable, rendant encore plus prégnant la tristesse de savoir qu'il n'y aura pas de suite à cela. Il en ressort une mélancolie exacerbée, qui sort en cascades de la voix de Katie Sketch, mais aussi des lignes de basse rondes à souhait et de cette orgue qui crie autant qu'il murmure. Et pourtant, c'est avec le dernier titre que l'on ressent pleinement que The Organ avait tpeut-être une autre voie à creuser. Faisant fi des rythmiques new-wave, le morceau se construit sur une ligne folk à la guitare, qui est rejoint par un tambourin et l'orgue, le tout proprement survolé par la voix de Katie Sketch, qui redouble d'émotion. Est-ce un "au revoir" aux fans du groupe que le groupe envoie, quand il chante : "Don't be angry, and don't disagree" ? Nul ne le saura vraiment, mais on pourra encore écouter longtemps The Organ, tout en regrettant amèrement qu'elles n'aient pas eu le cran ou la force de s'accrocher encore un peu.
Tracklist :
Even in the Night / Oh What a Feeling / Let the Bells Ring / Fire in the Ocean / Can You Tell Me One Thing / Don't Be Angry
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