Je n'en suis pas à mon premier livre publié, et j’ai depuis acquis, je le crois, une vision moins angélique, plus pragmatique, de ce que doit être un éditeur. Et, surtout de sa relation avec un auteur potentiel.
Je n'ai cependant pas perdu, et c'est heureux, le sens du "merveilleux" ou de l'inexplicable… Ce qui fait qu'une rencontre porte en germe une forme de grâce.
Celle que je fis avec Kamel M'rad, créateur des Editions des Samsarã, fût de cet ordre.
En premier lieu, parce que je ne devais pas me rendre à cette cérémonie des vœux de l'Union des Ecrivains Rhône-Alpes le 24 janvier dernier. Un autre rendez-vous empêché permit la rencontre.
D'autre part, parce que ce n'est pas l'édition possible d'un de mes manuscrits qui fût au cœur de notre échange, mais notre commune passion pour la belle littérature.
Dire de Kamel M'Rad qu'il aime les mots, leur musique et leur résonance, c'est ouvrir la porte de son domaine longtemps secret, la poésie. Après une carrière "classique", avec un métier oh combien sérieux, dans la police, il affronta lui-aussi le monde de l'édition, avec ses logiques marchandes, pour proposer ses textes. Revenu de ce "voyage" au pays des grandes maisons d'édition, un peu désillusionné, il décida de créer les Editions des Samsãra, en mettant en avant les valeurs humanistes qui sont au centre de sa vie.
Il le dit lui-même " Mon souhait est de pouvoir, en toute humilité, rechercher des textes divers, poésie, romans, nouvelles, pièces de théâtre, qui, sans être forcément ceux dignes des plus grands prix littéraires, ont une valeur indéniable de par la noblesse des idées qu’ils expriment, véhiculent une harmonie certaine de la syntaxe, de leur construction verbale ou leur versification, et méritent, n’utilisant assurément que des mots simples de cette riche langue française, d’être édités "
Et il rajoute " En tant que gérant, éditeur, auteur et poète moi-même, je ne pouvais omettre de me prévaloir des idées qui ont toujours conduit ma vie : outre les grands principes de démocratie, de laïcité, de liberté, d’égalité et de fraternité républicaines,je voudrais montrer qu’il est non seulement possible d’aimer, d’aider, et d’accueillir autrui les bras ouverts, de le soutenir dans ses projets, tout en reconnaissant et en acceptant ses différences, mais que si cette démarche lui est utile et profitable, elle l’est autant pour nous, puisque par delà nos actes, nous nous sentirons reconnus et appréciés, voire même aimés."
Pour toutes ces raisons, lorsque Kamel M'rad m'a proposé d'éditer Kathakali, le manuscrit de mon quatrième roman, c'est avec enthousiasme et un réel sentiment d'être appréciée, soutenue et valorisée en tant qu'auteur que j'ai accepté. Nous avons donc commencé à travailler sur mon texte, à le préparer à être mis en lumière.
D'autres auteurs m'ont précédé, dont Jacques Bruyas. La réédition de sa pièce de théâtre en forme de monologue " la dernière grimace», relatant une histoire tragique arrivée à des enfants dans le camp de Térézin, ainsi que les 24 sonnets d’amour de Louise Labé font partie des premiers titres du catalogue de ce jeune éditeur. Pour « La dernière Grimace », l’ouvrage contient en même temps les traductions anglais et arabe et pour les 24 sonnets d’amour de Louise Labé, une traduction anglaise digne de Shakespeare côtoie un vieux françois succulent.
Editions des Samsãra : http://www.editions-des-samsara.fr