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Se souvenir rapido presto <24-ix-07>>> Comme quoi la Suède n'a pas que des étagères aux noms improbables à nous offrir. De temps en temps, un peu à la manière d'une brise subarctique qui descendrait le long des flots du Skägerrak pour venir nous rafraîchir la bouche (ou, en l'occurrence: les yeux), nous parvient quelques graphomanes qu'on imagine aisément habillés de fourrures, blonds, barbus ou les deuxBREF! comme on voudra bien se représenter le suédois typique. Je ne sais absolument pas si Sture Dahlström à la tête d'un bon viking (& Dieu que ça serait facile à vérifier) ce qui est certain par contre c'est que son Grand Blondino (après l'étrange Je Pense Souvent à Louis-Ferdinand Céline) est une belle pigne rock'n'roll dans un magma romanesque foutraque & quasi foutu... pas chef-d'oeuvre, pas immortel, juste un bon livre & qui en demanderait plus?
Le Grand Blondino en question c'est Eric von Fitzenstrahl dit Fitzo pour lui même, dit, donc, le Grand Blondino pour le reste du monde débordant d'admiration. Fitzo est un danseur conceptuel acclamé, décrié, porté sur la cuisse bien épilée & les gesticulations du bassin. Fitzo est aussi un cinéaste conceptuel incompris mais terriblement créatif ce qui compense... son dernier projet est un film tourné à Cannes sans bobine. Fitzo est avant tout un usurpateur qui n'hésite pas à se faire passer pour un membre de l'Académie Nobel pour gagner un peu de sous & coucher avec des poétesses sud-américaines. Le voyou. Fitzo est imbus de lui-même, tel un M. Teste déjanté en collants moulants & satinés qui maltraite ses acteurs à tel point que ces derniers vont le kidnapper, sans toute fois parvenir à contenir les excentricités du suédois. Il finit néanmoins par débouler dans un pays où tous les hommes se font opérer pour devenir gravide à la place des femmes (ce qui, à mon sens, est proprement scandaleux). Ce dernier détail va grandement éprouver la masculinité exponentielle de notre Fitzo qui, dans l'incapacité de s'accoupler, se voit proposer neuf mois de grossesse entouré de mâles ventripotents. Émasculé physiquement & psychologiquement, il s'en retournera dans un hôtel de passe parisien qui, à lui tout seul, vaudrait une chronique ici même - mais pas le temps.
Jouissif d'absurdité & de mauvaise foi, Le Grand Blondino est un drôle de bouquin bien torché qui se voudrait moitié Kerouac & moitié Rabelais sans vraiment y arriver... juste un bon livre.