Lorsque dans une classe vous avez des élèves qui plafonnent régulièrement entre 16 et 18/20 et qui, suite à un événement perturbateur, tombent subitement à une moyenne de 6/20 cela se remarque, cela fait du "bruit". On s'étonne, on se pose des questions. Mais lorsqu'un élève médiocre de cette même classe qui plafonnait autour de 8/20, et qui doit subir les mêmes événements perturbateurs, tombe à 6/20 cela ne provoque pas les mêmes réactions. La chute est moins brutale, moins remarquée. On est même en droit de penser qu'il résiste mieux aux événements que ses petits camarades. Mais ce n'est pas parce que cet élève n'avait pas profité des bonnes conditions d'études que l'élément perturbateur lui profite. C'est une simple illusion. Et on est même en droit de penser que lorsque l'élément perturbateur s'en ira les bons élèves se rétabliront plus vite que l'élève médiocre car les fondamentaux n'auront pas changé.
Or en 2009 les fondamentaux de l'économie française n'ont pas bougé. La France était un élève médiocre avant la crise de l'automne 2008. Et il n'y a hélas aucune raison que cela change après la crise. Lorsque nos concurrents repartiront, car ils repartiront, nous redeviendrons bon dernier et l'illusion se dissipera. Quels sont les fondamentaux qui plombent notre économie ? Une dépense publique atteignant 54 % du PIB et un emploi public qui compte pour 25 % de la population active. Si en période de crise cela représente un amortisseur, en période de reprise cela se transforme en boulet.
Savez-vous quelle sera la seule région française qui, si on en croit les prévisions, sera épargnée par la récession en 2009 ? LA CORSE !!! Quelle est la recette du modèle corse ? Poids important de la fonction publique, surreprésentation des retraités, politique d'assistanat généralisée. Et bien le modèle français c'est un peu l'équivalent au niveau international du modèle corse. Si celui-ci peu présenter des vertus défensives il se montre totalement inapte dans une economie concurrentielle en période de croissance.
D'ailleurs, l'expérience historique devrait inciter les Français à plus de modestie même si cela n'est pas leur fort (l'histoire comme la modestie). A la suite du krach de 1929, la France n'était entrée en déflation qu'à la fin de l'année 1931, c'est-à-dire bien après les autres nations industrielles. A cette époque également on chantait les louanges du modèle français. Sauf que la France fut également la dernière nation industrielle à sortir de la crise et la seule qui en 1939 avait encore une production inférieure à celle de 1929.
Il faut rendre hommage au président Nicolas Sarkozy d'avoir cassé ce mythe lors de son intervention de jeudi en faisant un effort de pédagogie envers nos compatriotes. Il faut dire que la prise de conscience présidentielle est elle-même assez tardive. Ainsi mardi dernier le Figaro révélait que le président français commençait à redouter "également la perte de crédibilité de la signature de la France, qui peut être obligée d’emprunter de l’argent aux bailleurs de fonds étrangers à des taux de plus en plus élevés si elle multiplie les appels de fonds." En clair le financement de la dette va devenir de plus en plus difficile. Dans ces conditions une relance par la consommation, comme l'exigent les socialistes, est non seulement stupide mais criminelle. Le meilleur moyen d'aggraver les déficits et de courir à la banqueroute. De toute façon les caisses sont vides. Il n'est donc plus possible de distribuer de l'argent. Nicolas Sarkozy a au moins le mérite de s'en rendre compte et de ne pas céder aux sirènes démagogiques.
Il faut ajouter que cette France qui s'est refusée aux réformes indispensables durant ces trentes dernières années, cette France qui a laissé filer ses déficits d'une manière totalement irresponsable s'est elle-même condamnée, contrairement à l'Allemagne ou à l'Espagne, à ne pouvoir mener une politique de relance par la consommation. Diagnostic confirmé par la Cour des comptes qui dans un rapport cette semaine déclarait que la France affrontait cette crise économique dans une situation interne déjà très dégradée. En résumé la France ne peut s'en prendre qu'à elle-même.
Je regrette cependant que durant son intervention Nicolas Sarkozy ai contribué à entretenir un autre mythe français. Celui de la désindustrialisation du Royaume uni. En déclarant que le Royaume uni n'a plus d'industries Nicolas Sarkozy a dit une énormité. Argument généralement repris par la gauche pour fustiger "l'ultralibéralisme britannique". Or rien n'est plus faux. L'activité industrielle française classe notre pays à la troisième place européenne derrière l’Allemagne et... le Royaume-Uni. L'industrie en France représente 21 % du PIB. L'industrie au Royaume Uni représente... 25 % du PIB. Avant le début de la crise de l'automne dernier on fabriquait davantage d'automobiles au Royaume Uni qu'au début des années 80. (Sources Wikipédia et Chambre d'Industrie et de Commerce ; chiffres 2006).
David Bescond pour Rebelles.info (http://www.rebelles.info)