Charlemagne bat le rappel. Tout le monde est en place pour affronter ces vilains sarrasins. Même Agilulfe Edme Bertrandinet des Guildivernes et autres de Carpentras et Syra, chevalier de Sélimpie Citérieure et de Fez. C'est le chevalier qui n'y est pas, celui qui est une armure et une voix. Celui qui vérifie tout, maniaque et précis, qui compte, qui range, qui ordonne. Bref, un vrai casse pied pour son entourage, dans un camp où règne le désordre. Auprès de lui, son écuyer, Gourdoulou, qui a un nom différent selon chaque ville, qui est ce qu'il voit, qui croit être un canard, une grenouille, un poirier, une poire... Il y a aussi Raimbaut que le chevalier inexistant fascine et apaise. Il veut tuer le vizir qui a assassiné son père mais doit passer par une administration étonnante qui décompte la valeur des duels et par des interprètes qui traduisent les concours d'insultes. Son ami est Torrismond qui met en doute la qualité de chevalier d'Agilulfe. Une quête de la vérité commence pour ces hommes et les conduit en Bretagne ou en Afrique. Et c'est oublier la part féminine de ce roman : la nonne qui conte l'histoire en pénitence. Et Bradamante qui combat avec les chevaliers de Charlemagne, s'amourache d'Agilulfe et méprise tous les autres (et ils sont nombreux) soupirants.
Remarquable petit roman de Calvino qui s'inspire avec beaucoup d'humour des romans médiévaux de Chrétien de Troyes, se moque des chevaliers de la table ronde et instaure un système du monde cohérent et plein d'imagination quoi qu'absurde à première vue. Je recommande !