Vendredi 6 février 2009
Une Walkyrie explosive. Plusieurs années ont passé depuis la sortie de “Sophie Scholl, les derniers jours” qui avait fait connaître un aspect méconnu de la résistance en Allemagne dans les autres pays d’Europe. Aujourd’hui, le cinéma américain a souhaité reconstituer un épisode plus connu : l’attentat manqué du 20 juillet 1944 contre Hitler. Le film, intitulé “Walkyrie“, est l’œuvre du réalisateur américain Brian Singer. L’acteur américain Tom Cruise incarne le principal auteur de l’attentat, le comte Claus Schenk von Stauffenberg (1907-1944). “Walkyrie” a été en grande partie tourné à Berlin, y compris sur les lieux où furent exécutés les auteurs de l’attentat manqué. Rappelons que Claus Schenk von Stauffenberg a été l’exécutant du plus vaste complot organisé contre Hitler, qui a eu lieu dans le quartier général d’Hitler “Wolfschanze” (Repaire du loup) en Prusse orientale. Il pose la bombe qui explose, mais ne tue pas le dictateur. Figure de la résistance à Hitler, Stauffenberg n’en était pas moins un personnage pétri de contradictions. Né le 15 novembre 1907 dans une famille catholique et conservatrice du Wurtemberg, il fut d’abord comme beaucoup d’officiers de la Wehrmacht un soutien au national-socialisme, avant d’en devenir l’adversaire à partir de 1942/43. Le film de Brian Singer a suscité beaucoup d’intérêt en Allemagne. Mais il a aussi reçu son lot de critiques : d’aucuns lui reprochent ne trop se focaliser sur le personnage de Stauffenberg au détriment des autres courants de la résistance allemande au national-socialisme. Il sera de toute manière intéressant d’analyser les réactions dans les autres pays d’Europe. Ce film devrait certainement faire l’objet de commentaires de la part des enseignants d’histoire dans les pays qui ont parfois gardé une idée monolithique du comportement politique des Allemands durant la période nazie. Il est toujours utile de rappeler à ce propos que le Conseil de l’Europe a entrepris entre 2002 et 2006 un travail intergouvernemental sur « La dimension européenne dans l’enseignement de l’histoire ».
Gerhard Richter, deuxième. Nous avons évoqué l’exposition de portraits de Gerhard Richter à Londres. Mais comme l’artiste est devenu une superstar du monde artistique, une autre exposition très importante vient de commencer à l’Albertina de Vienne. Il s’agit cette fois des huiles et des aquarelles. La vision des œuvres reproduites sur le site web de l’Albertina reflète bien l’éclectisme du peintre qui prend comme objet aussi bien des photos de famille un peu décalées, que des vanités éclairées d’une bougie ou s’abandonne à des sortes de visions lyriques brossées avec dynamisme. Jusqu’au 3 mai. Et si vous avez la chance d’être à Vienne, alors ne manquez pas l’exposition photographique qui s’ouvre dans quelques jours, le 11 février exactement, toujours à l’Albertina, sur “La photographie et l’invisible”. Muybridge sera en compagnie de Van Heurck, jouant sur le cinétisme ou les rayons X et sur l’étonnement au début du dernier siècle devant l’effet de la thermographie. Et à partir du 4 mars, ce sera « L’Âge de Rembrandt ». Heureux viennois !
La NRF a cent ans. Le 1er février 1909 paraissait le véritable n°1 de La Nouvelle Revue Française, animée par un groupe d’écrivains réunis autour d’André Gide : ainsi débutait une exceptionnelle aventure éditoriale qui dure maintenant depuis un siècle. Celle que François Mauriac baptisait en 1953 la « rose des vents » de la littérature est donc centenaire, et cet anniversaire est l’occasion de se pencher sur une histoire faite d’échanges littéraires et de magistère intellectuel. Un colloque tenu aujourd’hui à la Bibliothèque de France, site François Mitterand a fait le point sur les recherches sur la revue prestigieuseet enviée. La petite revue créée par une poignée de jeunes gens passionnés est aujourd’hui un groupe qui emploie 1 300 personnes et réalise près de 300 millions d’euros de chiffre d’affaires ; celui-ci a échappé aux concentrations et jouit toujours d’un prestige inégalé. Ces dernières années encore, Jonathan Littell, Muriel Barbery et Jean-Marie Le Clézio ont incarné, chacun à sa manière, la gloire de Gallimard.
Le test d’Europeana. Le site Europeana est à nouveau accessible à la consultation. Il reste cependant en phase de test. Vous aurez quand même une petite idée du fonctionnement des communautés, mais vous ne pouvez créer aucun login. Alors encore un peu de patience. Quand un outil est sous dimensionné par rapport à ses ambitions mondiales, c’est comme cela !
Samedi 7 février 2009
Etta Scollo. Concert “Il fiore splendente – Die leuchtende Blume” Kultur am Carré.20h ce soir. Meerscher Kulturhaus Luxembourg. Une chanteuse, entre monde arabe et Sicile.
Questions de parisiens. Le Pavillon de l’Arsenal, centre d’information, de documentation et d’exposition d’urbanisme et d’architecture de Paris invite les habitants de la capitale à contribuer au débat sur l’actualité et l’avenir de la métropole, autour de 5 grandes questions : qu’avons-nous en commun, comment nous loger, comment mieux se déplacer demain,quels services et équipements partagés, une métropole européenne durable ? Un forum et des vidéos tentent d’y répondre. Qu’avons-nous en commun ? « Des générations d’hommes et de femmes ont fait l’histoire de la métropole parisienne. Paris et les communes de l’agglomération ont ainsi destin lié, ne serait-ce que parce que les transports, l’habitat, les lieux de travail, de culture, et de loisirs ont façonné et façonnent une identité propre à ce territoire qui les accueille. Composée de paysages variés où coexistent zones urbaines habitées, infrastructures de transports, bois, pôles d’emplois et secteurs naturels, Paris et la zone dense de l’agglomération, habitée aujourd’hui par environ de 85% de la population, doit relever de nombreux défis. Ce territoire doit aussi saisir les opportunités, promesses d’un avenir commun à dessiner ensemble. Qu’avons nous en commun ? Quels regards portons-nous sur ce territoire ? Comment envisageons-nous son avenir ? Partageons-nous une identité métropolitaine commune ? Enfin, quels territoires et quelles limites prendre en considération ? ». Parmi les musts une vidéo de Jacques Higelin, pleine de grâce. Le Pavillon accueille par ailleurs jusqu’au 1er mars une exposition sur le tramway parisien.
Maastricht, deuxième grande étape de la construction européenne ? Le 7 février 1992, les douze ministres des affaires étrangères de l’Union européenne ont signé un traité d’union économique de première importance dont on peut considérer qu’il fait suite à la chute du Mur de Berlin et à la réunification allemande. Le Président François Mitterand, d’abord très inquiet de ce rassemblement des « Allemands » mettra le projet sur la table lors d’un sommet européen, à Strasbourg, le 8 décembre 1989. Dans le même temps, les participants du sommet acceptent que le peuple allemand «recouvre son unité dans la perspective de l’intégration communautaire». Un an plus tard débutent les conférences intergouvernementales destinées à mettre en oeuvre ces résolutions. Elles aboutissent au traité de Maastricht. Le traité de Maastricht est le deuxième acte fondamental de la construction européenne après le traité de Rome du 27 mars 1957. Il trace la voie vers une union monétaire qui devient effective le 1er janvier 1999 pour onze pays de l’Union (le Royaume-Uni préfère conserver sa monnaie nationale). En juin 1992, le petit Danemark, tout à l’euphorie de sa victoire sur l’Allemagne en Coupe d’Europe de football, ose rejeter le traité par référendum. En France, le président François Mitterrand se voit contraint d’organiser à son tour un référendum. Le traité est approuvé de justesse en septembre par le peuple français après des débats exceptionnellement virulents. Il faudra la froide obstination des responsables politiques et des instances européennes pour que le traité suive son cours.
Des Roms sédentaires ? Un remarquable article intitulé « L‘identité rom bétonnée en mille palais » et signé de Nathalie Lazar dans le café babel de cette semaine. « Des marbres rose guimauve, des carrelages noir réglisse, du béton, des métaux précieux, des colonnettes graciles, des fers à cheval surdimensionnés, des lustres à pampilles en forme de dollars…” et bien d’autres choses encore !
A Liverpool street on danseSaatchi & Saatchi est à l’origine de la dernière campagne publicitaire réalisée pour l’opérateur T-Mobile où l’on voit un petit groupe de personnes se mettre à danser dans le hall d’une gare, tandis que certaines personnes continuent de téléphoner de manière ostensible. A chaque changement de style musical, qui passe par le rock comme la valse, le groupe s’agrandit. En fait, l’agence Saatchi & Saatchi a réuni 350 danseurs dans la station de Liverpool Street, à Londres, et filmé en caméras cachées l’opération événementielle pour la diffuser ensuite en télévision mais également sur le Net. Un Buzz qui marche, non plutôt qui danse ! “Life for sharing or money for sharing” ?