Quand j'ai passé le concours du CAPES, il y a maintenant 5 ou 6 ans, j'avais un bac plus 5. J'aurais pu le passer avec ma
licence, soit deux ans plus tôt. Mais j'aimais les lettres et j'avais envie de continuer.
En plus, on parlait déjà de masterisation. Et puis si je voulais passer un jour l'agrégation, il valait mieux assurer mes arrières.
Malgré cette bonne formation universitaire (et donc théorique), j'ai bénéficié d'une préparation universitaire à l'IUFM et à la fac. J'ai fait quelques stages d'observation dans des collèges et des
lycées...J'ai abordé un peu de pédagogie, de la didactique, j'ai fait des stages pour apprendre à maîtriser mon corps et ma voix dans l'espace.
Certes, cette formation n'avait absolument rien d'exceptionnel et j'ai bien souvent pesté contre l'IUFM quand je m'y ennuyais un peu.
Mon concours en poche, j'ai eu la chance de faire encore un stage en pratique pendant un an.
Je n'avais alors qu'une seule classe (soit 6heures de cours) et une douzaine d'heure de cours théorique ou de stage de pratique accompagnée (en empruntant la classe d'une collègue pendant quelques
heures).
Ce fut vraiment le moyen de faire mes premières armes.
L'IUFM était mal fichu, on nous y mettait une pression épouvantable, parce que durant cette deuxième année, nous n'étions pas encore titulaires et qu'on pouvait nous refuser ce Graal, au titre d'un
mémoire mal bouclé ou d'une visite d'inspecteur ratée...
Malgré tout, cette formation était indispensable. C'était le moment pour faire ses premières armes face aux élèves, en prenant le temps de préparer des cours au mieux (ou du moins avec le plus de
temps possible). C'était le moment pour échanger avec une tutrice expérimentée, pour partager notre expérience avec d'autres stagiaires, pour demander conseil à des profs d'IUFM...
Mais voilà que pour des mesures d'économie on va sucrer tout ça.
Pensez donc, payer pendant un an un salaire mirobolant, (environ 1300€) pour ne faire que 6 heures par semaine et pour se former ! c'est pas rentable...
Comme si l'éducation pouvait être rentable...
Alors maintenant, les nouveaux profs vont être jetés dans la cage aux fauves sans plus de préparation que ça, après 5 ans de fac. 18 heures par semaine, 4 ou 5 classes (voire beaucoup plus dans
d'autres matières), pas le temps de prendre du recul, pas le temps d'analyser sa pédagogie et surtout, la solitude devant les misères du métier.
Parce que c'est un métier difficile. Se retrouver seul devant des élèves, c'est quelque chose qui s'apprend.On se prend des claques. On est obligé de se remettre en question, en permanence.
Lâcher des jeunes profs devant 35 rugissants de 4èmes, c'est courir le risque d'un taux de démission faramineux dès la première année...
CC