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LittÉrature Égyptienne (20): chapitre 110 du livre pour sortir au jour

Publié le 07 février 2009 par Rl1948

   Ce mardi, clôturant mon article consacré aux deux vignettes extraites du chapitre 110 du Livre pour sortir au jour (ce que l'on appelle encore, erronément, "Livre des Morts") exposées dans la vitrine 7 de la salle 4 du Département des Antiquités égyptiennes du Musée du Louvre, je vous avais annoncé pour aujourd'hui, ami lecteur, la publication des passages les plus importants de ce long et très important texte faisant partie de la troisième division du corpus funéraire égyptien le plus représenté dans les musées du monde entier. 
   Très brièvement, je rappelle que tout Egyptien achetait ce rouleau de papyrus afin de l'accompagner dans sa demeure d'éternité et de lui permettre, par les différentes formules à réciter, de braver tous les dangers qui pouvaient, lors de son voyage vers l'au-delà, entraver sa progression. Ce type de document étant préalablement rédigé dans les ateliers spécialisés du pays, il suffisait, le moment venu, de le faire compléter avec notamment le nom du défunt. C'est ce nom qui est ici, dans la traduction que je vous propose de découvrir, symbolisé par la lettre N.
   Paroles dites par N. quand il adore la corporation divine qui est dans la double Campagne des Félicités.


   Qu’il dise : "Salut à vous, maîtres des subsistances ! Je suis venu dans de bonnes dispositions à vos campagnes pour recevoir des aliments; faites que je parvienne au grand dieu et que je reçoive les offrandes alimentaires que donne continuellement son ka, en pains, bière, viandes, volailles."


   Faire adoration à la corporation divine et flairer le sol devant le grand dieu, par N.


   Offrande à Osiris et à la corporation divine qui est dans la double Campagne des Félicités, pour qu’ils donnent les offrandes funéraires de pain, bière, viandes, volailles, tissus et toutes bonnes choses chaque jour, déposées sur l’autel au cours de la journée; afin de recevoir les pains, gâteaux, galettes, lait, vin et aliments; accompagner le dieu dans ses sorties en procession lors de ses fêtes de Ro-setaou, dans les faveurs du grand dieu. Pour le ka de N.


   Ici commencent les formules de la Campagne des Félicités et les formules de la sortie au jour; entrer et sortir, dans l’empire des morts; séjourner dans la double Campagne des Félicités, la grande ville maîtresse de la brise; y être puissant, y être glorieux, y labourer, y moissonner, y manger, y boire, y faire l’amour, faire tout ce que l’on a l’habitude de faire sur terre, de la part de N.


   Qu’il dise : "Le faucon avait été enlevé par Seth, et j’ai vu, Rê, qu’on renversait (les murs) de la Campagne des Félicités; (alors), j’ai délivré le faucon de l’emprise de Seth. Et j’ai ouvert à Rê les chemins en ce jour de tourment et d’étouffement du ciel, (jour) de colère de Seth contre la brise parce qu’elle faisait vivre Celui qui était dans son oeuf, et qu’elle avait arraché aux (dieux de la mort) Celui qui était dans le sein.


   Et voilà que je pagaie dans cette barque, dans les canaux de Hotep.


   (...) Je pagaie dans ses canaux pour gagner ses villes, je fais remonter le fleuve au dieu qui s’y trouve, - puisque je suis, certes, Hotep lui-même dans sa campagne -; il conduit ses deux ennéades bien aimées, il apaise les deux Combattants pour ceux qui leur sont attachés, il retranche la tristesse de leurs aînés et éloigne la tempête de leurs plus jeunes, il attrape au filet les maux et peines d’Isis et attrape au filet les maux et peines des dieux, il aplanit la querelle entre les deux Combattants, (...) il donne les aliments à profusion aux kas des bienheureux.

   J’y suis puissant, (car) je suis quelqu’un qui connaît Hotep; je pagaie dans ses canaux pour gagner ses villes; ma parole (y) a du poids car je suis plus avisé que les (autres) bienheureux, et ils n’ont pas de pouvoir sur moi.


   J’équipe cette tienne campagne, Hotep, ta (campagne) bien-aimée, maîtresse de la brise; je m’y épanouis et j’y suis fort; j’y mange et j’y bois, j’y laboure et j’y moissonne, j’y coïte et j’y fais l’amour, mes incantations magiques y sont puissantes; je n’en ai pas de reproches, ni d’inquiétude et mon coeur y est heureux.

(...)
(
Barguet : 1967, 143-5)

  


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