Il y a eu un certain nombre de déceptions, au sein de la blogosphère MoDem à la suite de la consultation lancée par le MoDem à propos des Européennes. Je crois surtout qu'il y a eu maldonne avant toutes choses. Le MoDem n'avait pas l'intention de consulter les adhérents sur la constitution des listes de cette manière mais de leur demander leur avis sur un rapport relatif aux élections européennes.
Comme beaucoup s'attendaient à une consultation dans la plus pure tradition de la démocratie directe, un peu à l'Athénienne au Siècle de Périclès, sur la constitution des listes, évidemment, ils ont déchanté.
Cela dit, au delà de ce désenchantement, je me demande s'il était pertinent de perdre du temps, des ressources et de l'énergie à mettre en place une consultation qui se résume finalement à un clic au choix parmi trois boutons.
J'avoue que moi-même, j'ai cru à un bug ou une erreur de programmation de la plate-forme... De mon point de vue, c'est un épiphénomène, mais quelques esprits nettement plus susceptibles et formalistes que moi se sont montrés nettement moins indulgents...
J'ai trouvé une réaction de Quindi sur le blog d'Hervé Torchet que j'ai trouvée intéressante, et j'en donne copie ici. J'ajoute que je suis bien entendu totalement en désaccord avec l'analyse d'Hervé. J'ai trouvé la réponse d'Arnaud pondérée. Je ne suis pas d'accord avec tout, mais un certain nombre de ses observations me paraissent pleines de bon sens.
Je laisse la parole au sage Arnaud, puissent tous les militants démocrates faire preuve de la même réflexion au lieu de trépigner en tapant du pied...
Ne désespérons pas encore totalement. Le changement stratégique est bien réel et les têtes de liste aux européennes le confirment. Le changement structurel est loin d'avoir été réalisé, mais il s'agit avant tout d'une difficulté à identifier les adhérents actifs, leur faire confiance, et savoir prendre des risques sur des évolutions au sein du parti et dans les méthodes électorales (internes et externes). C'est une dérive version centriste de ce qu'est la cinquième république, une façon de donner une confiance aveugle à un seul être, et utiliser la machine structurelle pour calmer les ardeurs de renouvellement et de changement institutionnel, plutôt qu'en tant que force de renouvellement continu (humain, idéologique, programmatique, technique).
Jusqu'à présent, il n'existait pas de réel recours car les autres élus l'étaient par le fait de l'UDF (donc en décalage avec le MoDem et l'élection présidentielle) ou d'une élection municipale assez décevante, et se retrouvaient encensés dans les structures internes par le fait du prince. L'obtention d'un mandat électoral clair, à une autre échelle, sans alliance locale, et au nom du MoDem, change quelque peu la donne (même si c'est encore le prince qui décide de leur droit à la candidature). Ces 8 à 15 élus au Parlement Européen auront un poids déterminant dans la maison, car ils légitimeront une stratégie de parti, plutôt que celle d'un seul homme lors des élections suivantes. Ils auront un poids bien supérieur à leurs homologues dans les autres partis français de par le caractère unique des élus du parti (peu à l'Assemblée Nationale, alliance centristes/radicaux au Sénat, peu d'élus dans des grandes agglomérations). Ils auront aussi une légitimité territoriale du fait électoral, ce qui permettra aux structures internes locales de trouver un recours plus fort (le rôle des colistiers en position non éligible sera déterminant). Finalement, ils tiendront un discours programmatique / vision globale forts de par les enjeux de poids qui seront discutés au Parlement Européen (et contrairement à certains de leurs homologues de l'UMP et du PS qui ne siègeront que par obligation plutôt que par réelle motivation européenne / capacité programmatique). Le décalage entre la structure interne réelle, l'ambition gouvernementale nationale, et les propos sur l'organisation du parti, leur sera plus dur à porter, du moins pour ceux qui ne renouvellent pas leur mandat.
Bref l'évolution naturelle veut qu'il y ait une multiplication des centres de pouvoir au sein même du MoDem, ainsi que dans sa direction, mais elle est lente, bien trop lente... Elle correspond à un rapport de force et non à une volonté réelle de modernité et d'audace structurelle. Dans la citation de Ledru Rolin "il faut bien que je les suive, puisque je suis leur chef", nous en sommes encore à la phase 5ème république (faire face aux crises et mécontentements populaires), pas à la phase de dépassement par le biais du parti (intégrer les méthodes modernes de campagne électorale, de militantisme et d'écoute de la société civile, devancer les attentes par la systématisation de l'innovation programmatique fait maison et grâce à des think tanks / personnalités sympathisantes / associations, valorisation à outrance des figures médiatiques, militants hyper-actifs, spécialistes techniques parmi les militants et sympathisants, mouvement permanent des idées et des personnes). Le maintien d'une pression militante / sympathisante sur ces sujets envers la structure, couplé au renouvellement des cadres (même s'ils ne sont pas tout jeunes), peut, in fine, faire évoluer la structure (ce n'est pas garanti pour autant).
Patience et persévérance.