Exposition Lévy-Dhurmer (1)
Avec les murs emmitouflés de ce hall coquet et exigu : un boudoir, - la trentaine de pastels et de peintures s'harmonisent : c'est comme des ailes de papillons qu'on aurait appliquées, les ailes velouteuses des gros papillons du soir et de l'automne, ces ailes ou fauves ou bleuâtres : couleur de l'automne et de la nuit et du crépuscule, et dont mes ocelles multiplient de vagues visages ; de la poussière de couleur, une buée de couleur ; le visiteur a peur, devant, d'avoir trop fortement respiré. Les plus vigoureuses, les plus intéressantes – et leur vigueur détone parmi ces apparitions effacées – s'intitulent Masques : masque de M. Claretie, masque de M. Cornély ; et les quelques autres portraits sont aussi des masques : l'épiderme facial découpé, tranches de visages sans les os, sans le crâne ; le buste de Mlle Moreno, dans son rôle du Voile, s'étale, mat et blanc, tout en surface, ainsi qu'une hostie. Le reste, évocation d'un symbolisme cherché, et un peu court (parfois rappelant, titres, présentation, idée, et jusqu'au même bleu, tel le Silence, Osbert), fait voisiner la Grèce, l'Evangile, la Bretagne, les légendes, les bois et leurs frissons, etc. : Il était une fois une princesse, les Mystères de Cérès, Notre-Dame de Penmarch, il neige des feuilles, la Cruche cassée (...demoiselle toute nue, vue de dos, mais d'agréable physionomie) ; le mystère y est commodément suggéré par le flou des silhouettes noyées dans une pénombre versicolore, les problèmes de l'âme par une figure aux yeux battus, et qui ubiquite avec indiscrétion. Cela témoigne de la virtuosité de l'artiste, et de la variété de son inspiration, mais aussi d'une bienveillance un peu outrée à plier son art aux aspirations spéciales de la mode et du monde, du beau monde à qui ne déplaît pas quelques maniérisme de bon ton. Or, les Masques, d'une toute autre facture, aussi d'un tout autre effet, montrent ce que pourrait le peintre, laissant avec franchise, sans habileté, bêtement, son tempérament aller : la différence est telle que les autres ouvrages ne semblent pas du même peintre ; et cela est : il sont de son public.
(1) Hall de la Société d'éditions artistiques, 30, Chaussée-d'Antin, ParisFAGUS
Revue Blanche janvier 1900
Fagus sur Livrenblog : Fagus : Picasso 1901. - Albert Samain par Fagus - Opinions sur Gauguin 4e livraison FAGUS - Durio, Bocquet, Maillol, etc.
Fagus sur Cynthia 3000 :