Je publie ci-dessous la lettre parue dans le Monde.fr du 28 janvier 2009 et écrite par l’écrivain Jean-Moïse Braitberg. Cela fait quelques jours que je m’interroge sur ce conflit, sur cette intervention d’Israël… Très difficile, parce que l’idée n’est pas de prendre partie, alors qu’il n’est quasiment pas possible en France de l’ouvrir à ce sujet sans le faire. J’ai été révolté, ulcéré même par le crétinerie des points de vue et des actions communautaristes qui se sont déchainées ici, comme de l’aveuglement à charge de bon nombre de mouvances d’extrême-gauche qui voient rouge sans mauvais jeu de mots lorsque l’on prononce le nom d’Israël, franchissant parfois sans vergogne les limites les plus abjectes de l’anti-sémitisme bon teint de l’avant-guerre et de la troisième république.
La lettre de ce monsieur peut parfaitement se justifier et est très sensible. Peut-être aurais-je eu la même réaction que lui. Israël est née sur un combat, qui est lui aussi d’ailleurs passé par le terrorisme, comme le FLN ou comme l’OLP, et s’est ensuite parfois -souvent ?- fourvoyé. Il n’empêche qu’on ne peut être naïf face au cynisme et à la brutalité du Hamas.
Au final, ce sont des enfants qui explosent, ou qui se vident de leur sang et de leurs tripes dans les bras de leurs grands frères, des pères qui meurent sous les yeux de leurs femmes et de leurs enfants, des soldats qui rentrent chez eux dans une boîte. Il y a des enculés partout.
Si l’on s’en tient à l’histoire des roquettes du Hamas on peut s’énerver de la disproportion de la réplique d’Israël, tout en n’étant pas naïf devant les intentions provocatrices réfléchies du Hamas. Il n’empêche que quelques soient les intentions “pragmatiques” et éventuellement légitime ou justifiables du pouvoir israélien, elles se sont trouvées largement discréditées pas des actes qualifiables de crimes de guerre de la part de militaires abreuvés de haine et sans respect de la vie humaine, surtout de celle des autres.
Enculés disais-je.
Je me fous des questions d’ego des uns et des autres, je constate encore ici que la démocratie a perdu, que la vie a perdu, que les enfants ont perdu, que l’humanité en somme a perdu. Et ici comme ailleurs, il ne nous reste que les yeux pour pleurer si tant est qu’on ait encore des larmes.