Sarkozy : des promesses à la Gandrange ?

Publié le 06 février 2009 par Hmoreigne

L’agitation a pris le pas sur la force de conviction. Pour répondre à la fébrilité du pays, le Président a sorti la boîte d’aspirine hier soir lors de son show télévisé. Un peu de social, pour mieux garder le cap, avec une facture réglée une nouvelle fois par l’Etat. Sens de l’adaptation ou démagogie, la réalisation, ou pas, des promesses permettra de juger. Du côté de Gandrange, les engagements présidentiels laissent sceptique.

Aurélie Filippetti s’est chargée, avec un certain succès, de rappeler la distorsion entre les actes et les promesses tenues le 4 février 2008, lorsque Nicolas Sarkozy s’était rendu à Gandrange.

“Si Nicolas Sarkozy retourne à l’aciérie de Gandrange, les ouvriers risquent de l’accueillir avec des boulons” a déclaré la députée PS de Moselle sur Canal + le 3 février.

Il y a un an, trois semaines après l’annonce de 595 suppressions d’emplois dans le complexe sidérurgique Arcelor de Gandrange, le Président de la République s’était rendu sur place.

Dans un premier temps Nicolas Sarkozy avait notamment déclaré que l’Etat était prêt “à mettre de l’argent pour faire les investissements” nécessaires au maintien de l’activité avant de changer son fusil d’épaule et d’évoquer un train de mesures, arrêtées avec le repreneur Lakshmi Mittal, destinées à compenser les réductions d’effectif.

Un an après c’est donc le temps du bilan. Syndicats et élus mosellans considèrent que le compte n’y est pas. Trois sénateurs (PS) de Moselle, Jean-Pierre Masseret, Gisèle Printz et Jean-Marc Todeschini, ont pris leur plume pour le dire dans une lettre commune à Nicolas Sarkozy.

De son côté, la CFDT a dressé une stèle à l’entrée de l’usine, mercredi, “en hommage” aux promesses non tenues du président de la République.

Exit en effet, la création d’un “centre de formation aux métiers de la métallurgie”, destiné à accueillir 120 personnes par an. Aux oubliettes la construction d’une ou deux centrales électriques en partenariat avec Poweo jugée trop coûteuse.

Irrité par le sujet, Nicolas Sarkozy a recadré ses intervieweurs hier soir. “Un four va fermer, un four, pas le site, soyons précis, vous m’avez demandé d’être précis”. “Si on dit que je n’ai pas tenu promesse, c’est un mensonge. Je retournerai à Gandrange”.

Une appréciation que ne partage pas Jacky Mascelli, le délégué CGT joint après l’allocution par 20minutes.fr. “Il dit qu’il n’a pas menti, que monsieur Mittal a pris des engagements ou est en train de les prendre. Je ne suis pas d’accord. On a encore vu aujourd’hui les deux conventions, de revitalisation et d’ancrage territorial, et on a comparé les chiffres aux promesses de départ. A l’origine, c’était 34 millions d’euros investis avec 124 emplois assurés. Aujourd’hui, c’est 30 millions et 119 emplois. Sur le seul laminoir qui subsistera, on tablait sur 10 millions d’euros d’investissements, on est à 8 millions. Sur le centre technique de formation, dont Sarkozy a parlé ce soir, qui doit former des jeunes aux métiers de la sidérurgie: les promesses du président s’élevaient à 5 millions d’euros et 120 jeunes formés, on prévoit maintenant 2 millions d’euros et 20 jeunes aujourd’hui. Sarkozy a menti.”