L'émission C dans l'air sur France 5 a consacré son émission d'hier soir à Olivier Besancenot et au NPA (Nouveau parti anticapitaliste) appelé à remplacer la LCR (ligue communiste révolutionnaire) d'Alain Krivine et des trotskystes.
Parlons d'abord du porte-parole du NPA : il est jugé sympathique, populaire, bon sur le plan médiatique mais sans concessions sur le fond. Pour les historiens et politologues présents, la principale inconnue du NPA va être l'osmose à réaliser entre des trotskystes historiques adhérent à une culture politique ancienne et de nouveaux venus en politique séduits par le discours d'OB mais plutôt attirés par une certaine forme libertaire de la vie notamment sur le plan des mœurs. Que la LCR (3000 adhérents) soit passée à 9000 adhérents (NPA) est en soi une progression sensible mais encore insuffisamment significative pour en tirer un enseignement électoral. Et surtout savoir si l'effet Besancenot sera durable.
Le second point abordé dans l'émission a été la capacité d'union des différentes facettes de l'extrême gauche. Jean-Luc Mélenchon et son Parti de Gauche ont tendu la main au NPA « sans préalable » pour constituer un front de gauche et du non au traité de Lisbonne lors des prochaines élections européennes. Déjà le PC a dit oui. Pour les commentateurs, il est exclu que le NPA fasse l'union avec les léninistes, du moins ce qu'il en reste. Si l'on ajoute le POI (l'ancien parti des travailleurs) LO (Lutte ouvrière) on peut penser que l'extrême gauche se présentera en ordre dispersé aux prochaines européennes. C'était le cas aux présidentielles…Les sondages donnent actuellement près de 15 % des intentions de vote à l'ensemble de l'extrême gauche.
Troisième point : l'instrumentalisation du NPA par Sarkozy ? Tout le monde s'accorde à dire qu'Olivier Besancenot est sincère. Le NPA n'est pas une invention de l'UMP. Il défend des idées de la société, de la démocratie, de l'économie, même s'il ne précise pas clairement quelle démocratie il préconise (démocratie représentative, élective, directe, populaire…) ni quelle société non capitaliste il souhaite. C'est le principal reproche qu'il adresse au PS : ce dernier accepte la société de marché contrairement au NPA. Une question se pose : par quoi remplacer la société capitaliste globalisée qui fait preuve, ces temps-ci, d'une extrême vulnérabilité et d'une injustice sociale flagrante ?
Revenons à Sarkozy. Celui-ci souhaite-t-il utiliser le NPA pour affaiblir le PS ? Et si oui, comment ? Là-dessus les commentateurs sont divisés. Ce serait un jeu dangereux qui favoriserait François Bayrou et non Sarkozy et l'UMP. Sarkozy peut-il faire avec Besancenot ce qu'a fait Mitterrand avec Le Pen (1) ? Si le président actuel propose une proportionnelle forte aux législatives, on saura quelle tactique il a mis au point.
Quant aux relations du NPA avec le PS, c'est compliqué. Le positionnement de Martine Aubry, plus à gauche que Ségolène Royal, plait à de nombreux socialistes toujours séduits par le discours anticapitaliste et admiratifs d'un discours de radicalité. Mais le PS ne rechigne pas à aller au gouvernement, gère des collectivités territoriales, assume les contradictions du pouvoir, passe des compromis inévitables quand on est dans le réel des choix de gestion. A Louviers, nous avons une fraternité avec les militants du NPA. Nous sommes d'accord sur des sujets précis : atteinte aux libertés publiques, défense des services publics…d'autres thèmes uniront nos forces militantes. Mais comment aller ensemble au pouvoir ? Est-ce possible ?
Car reste la vraie question : quelle démocratie veut Olivier Besancenot et ceux qui le soutiennent ? On ne peut l'éluder. Conquérir le pouvoir par le bas (et non par les élites) c'est préconiser (en filigrane) une conquête différente de celle acquise par l'élection ? Avec quelle constitution, quels organes représentatifs…Quid de la dictature du prolétariat rejetée depuis longtemps par le PCF ? Voilà bien des questions auxquelles devront répondre le NPA, bien sûr, mais aussi les citoyens qui s'intéressent à la politique c'est-à-dire à notre destin collectif.
(1) Mitterrand non plus n'avait pas créé le Front national. Il a profité de la division de la droite.