Revenons les pieds sur terre après ce nouveau mini séisme causé par mon dernier billet qui a fâché tout rouge quelques lecteurs et en a choqué plus d’un. Je suis désolé pour eux car ce n’était évidemment pas le but.
Un sujet plutôt sensible, en l’occurrence la perception d’une religion, a une fois de plus agité copieusement ma blogosphère. Je pose une question : doit-on bannir les sujets sensibles parce que l’on risque de choquer certaines consciences et se faire clouer au pilori ? Moi je pense que non même si avoir le courage de parler de “ces choses-là” sans langue de bois et en termes politiquement incorrects est décidément un jeu dangereux sur un blog, et en particulier sur un blog hébergé par un grand journal.
Avec les mots on ne se méfie jamais suffisamment, ils ont l’air de rien, les mots, pas l’air de dangers bien sûr, plutôt de petits vents, de petits sons de bouche ni chauds, ni froids, et facilement repris dès qu’ils arrivent par l’oreille, par l’énorme ennui gris mou du cerveau.
On ne se méfie pas d’eux, des mots, et le malheur arrive. Des mots, il y en a cachés parmi les autres, comme des cailloux. On ne les reconnaît pas spécialement et puis les voilà qui vous font trembler pourtant toute la vie qu’on possède et toute entière, et dans son faible et dans son fort… C’est la panique alors… Une avalanche … On en reste là comme un pendu, au-dessus des émotions… C’est une tempête qui est arrivée, qui est passée, bien trop forte pour vous, si violente qu’on l’aurait jamais crue possible rien qu’avec des sentiments… Donc on ne se méfie jamais assez des mots c’est ma conclusion.
L.-F. CÉLINE, Le Voyage au bout de la nuit
Céline savait de quoi il parlait. Je commence à le saisir.
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