Jeudi 5 février, le président français a usé de modestie forcée pour "expliquer" ce que les Français n'avaient visblement pas compris. Avec un discours classique en période de crise, il a donné raison aux manifestations "d'inquiétude", il a tenté de forcer son caractère, mais il est resté ferme sur son cap. Nicolas Sarkozy a montré son talent. Il fut très bon, devant des journalistes souvent silencieux et rarement critiques. Le début de l'intervention fut remarquable. Sarkozy joue la compréhension, la compassion, voire la pitié. "Que les Français soient inquiets, c'est normal"; "je le comprends, je l'entends" ; "Dans le reportage, cette dame dit : on est pour rien à la crise et c'est nous qui allons payer. C'est vrai, elle a raison." Globalement, Sarkozy l'a joué modeste, Il a voulu tenir compte du reproche d'intervenir sur tout qui lui est régulièrement fait. Cette fois-ci, il n'a fait que proposer des pistes à discuter, sans jamais chiffrer Une belle occasion ne pas s'engager sur des solutions. Les fausses annonces de Sarkozy Sans y paraître, le président français a fait beaucoup de fausses annonces hier soir : la première a retenu l'attention. Pour les plus pauvres, les plus fragiles, l'Etat va consacrer les soit-disants 1,4 milliards d'euros d'intérêts perçus des banques pour sa politique sociale, nous clament les commentateurs ! Il est évident que les recettes fiscales, quelle qu'elles soient, abondent le budget de l'Etat ! Sarkozy n'a pas annoncé de nouvelles mesures sociales hier soir. Au contraire, il a reporté au 18 février la discussion principale. "Je vais mettre tout cela sur la table", comme l'amélioration de l'indemnisation du chômage partiel ou la proection des jeunes travailleurs. Il rencontrera à cette date les partenaires sociaux. mais il mélange aussi les genres. Enfumage supplémentaire, il a mis à l'ordre du jour de cette réunion des sujets dont il a l'entière maîtrise, et qui ne concernent habituellement pas les organisations syndicales, comme la suppression éventuelle de la première tranche de l'impôt sur le revenu (deux millions de foyers sont concernés), ou l'annulation du second tiers de l'impot sur le revenu des ménages modestes, ou l'augmentation des allocations familiales. Aucun journaliste ne relève cette confusion des genres. En revanche, il refuse à nouveau toute relance du SMIC ou des minima sociaux. Troisième annonce majeure, la suppression de la taxe professionnelle. Sarkozy annonce qu'il discutera de l'impot de remplacement, si possible écolo, avec ... les élus locaux. Belle arnaque. Je te rends d'une main ce que je te reprends de l'autre. Quatrième enfumage, la réforme du système. Sarkozy n'aime pas la proposition d'Obama de plafonner les rémunérations des dirigeants d'entreprises ayant recours à l'aide publique. Il préfère stigmatiser les agences de notation ou les traders. Sarkozy aimerait travailler sur les paradis fiscaux, mais lâche ce lapsus: "Monaco n'est pas un paradis fiscal mais il y a des choses à préciser." Sur le fond, le président conserve son cap. Nous étions prévenus. Il a expliqué qu'il préfère de continuer à supprimer des postes de fonctionnaires, "des dépenses de fonctionnement", au profit des investissements dans le secteur privé. Les enseignants seront heureux de d'apprendre qu'ils ne sont que des "dépenses de fonctionnement" .... Des journalistes décevants Guy Lagache a semblé plus hargneux que les autres, notamment sur les promesses non tenues de Gandrange. Laurence Ferrari est restée quasiment atone. David Pujadas a démarré fort pour rapidement s'éteindre. Alain Duhamel a servi les plats, comme sur la présidence européenne. Quand Sarkozy égrène des mensonges ou des énormités, les trois journalistes se taisent, et écoutent. Il n'est pas contredit, les questions ne sont pas relancées. Sur l'effet du plan de relance sur l'emploi, Sarkozy casse son jouet, mais personne ne relève : "Personne ne sait exactement combien ça va créer d'emploi mais on sait que