Avec du recul, je me dis que je me suis laissé emballer par tout un système, je me suis laissé entraîner", explique le jeune homme de 32 ans accusé par la justice d'avoir dissimulé à la banque des prises de position gigantesques qui ont atteint 50 milliards d'euros sur les marchés.
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Jérôme Kerviel encouragé par le système
S'il reconnaît avoir "fait des bêtises", il explique n'avoir agi de la sorte "que parce que la banque (l') a laissé faire et (l') a encouragé": "A aucun moment on m'a dit "stop". J'aurais bien aimé qu'on me dise "arrête tes conneries, ça va mal se passer", affirme-t-il.
"Mes positions je les prenais devant tout le monde, devant mes managers. (...) Toutes mes opérations ont été vues, monitorées et contrôlées (...) je ne me cachais pas. J'étais au milieu du desk et tout le monde me voyait faire", affirme le trader sans toutefois expliquer pourquoi il a dissimulé ces opérations en produisant des faux.
Sur ses motivations, il réaffirme avoir "voulu faire gagner de l'argent" à la banque. "Mon objectif n'était absolument pas de briller vis-à-vis des autres traders", dit-il, contestant toute idée de revanche sociale sur des collègues plus diplômés que lui, évoquée dans le passé.
Evoquant l'annonce publique du scandale par la Société générale le 24 janvier 2008, il explique: "cela m'est tombé dessus du jour au lendemain".
"Et même encore aujourd'hui, cela me dépasse complètement. Tant sur le plan médiatique que sur le plan émotionnel", ajoute-t-il.
Redevenir un Mr Nobody
Concernant son avenir, il dit ne pas avoir envie de redevenir trader ou de retourner dans une salle des marchés.
"C'est un milieu que je ne veux plus connaître. Ce n'est plus du tout un endroit que j'ai envie de fréquenter, ce n'est plus du tout des gens que j'ai envie de fréquenter. Tout est faux dans ce milieu, tout est irréel, tout est basé sur le paraître", dit-il en expliquant avoir "ouvert les yeux".
Sur le plan judiciaire, il avoue redouter le moment de sa comparution devant le tribunal: "Qui ne redouterait pas ce moment ? Surtout s'il y a la prison à la clef? tout le monde a peur de la prison, personne ne souhaite aller en prison", dit-il en évoquant ses 35 jours de détention provisoire.
"L'image que je garde, c'est le regard de ma mère dans un couloir de deux mètres carrés à la prison de la Santé au moment du parloir", ajoute-t-il, en expliquant avoir eu la chance d'avoir bénéficié de son soutien pendant cette période.
Cinq ans d'emprisonnement et 375.000 euros d'amende
Jérôme Kerviel a été entendu une dernière fois le 22 janvier 2008 par les deux juges d'instruction. Il a été mis en examen le 28 janvier 2007 pour "abus de confiance", "faux et usage de faux" et "intrusion dans un système de traitement automatisé de données informatiques" et laissé en liberté par les juges contre l'avis du parquet. La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris avait ordonné son placement en détention provisoire le 8 février avant de le remettre en liberté le 18 mars. Il encourt cinq ans d'emprisonnement et 375.000 euros d'amende. Son ex-assistant, Thomas Mougard, a été mis en examen en juillet dans cette affaire pour "complicité d'introduction frauduleuse de données dans un système informatique
Les juges chargés du dossier ont clos leur instruction le 26 janvier. Le procès ne devrait pas avoir lieu avant 2010.
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