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Retour sur investissement

Publié le 06 février 2009 par Lephauste

Pour sûr que j'aurai bien fait carrière dans les lettres, les modernes de préférences, les lettres recomandées par exemple, les plis sous seing privé, la missive chirurgicale, le pneu énigmatique, le signé là ! Et la aussi ! J'aurai fait facteur. C'était dans mes ambitions, je venais du petit commerce, j'aurai eu qu'à dire que j'avais dans le sang un certain penchant pour les relations humaines, que j'aimais par dessus tout chez la Marianne à cinquante centimes, la retourner et lui lêcher l'éfigie,  et sans tambours ni trompettes on me refilait un guichet toutes opérations, un scotère, une sacoche, une bécane et une casquette, une carte de la LCR et une de retrait dans ce GAB uniquement. Mais voilà à la poste c'est comme partout, les piste sont brouillées. Le nouveau parti révolutionaire a mis la main sur le trésor de guerre. La révolution se fera donc au tarif en vigueur et sous quarante huit heures. Garanti gauchissimo ! Les dés sont jetés je ne serai pas postier car pour affranchir le poing fermé faut-il que ça ne chiffonne pas le plis de s'en sortir un peu froissé.

Alors les lettres ? Et bien c'est simple, me restait plus qu'à en écrire. Mais là aussi le petit bois est un coupe-gorge, il faut du souffle. De ce souffle qui ne s'accorde qu'entre soi, dans des sortes d'auto-claves où mijote le récit, le roman, la nouvelle, le court texte, l'alexandrin, le haiku, le placet, le libelle, la lettre de cachet, l'essai, la diatribe, le mot d'excuses. Je venais du petit commerce où l'on fini par ne plus écrire que pour noircir des colonnes de chiffres, jamais assez bons pour sortir de la noirceur qui fait écrire avec une élégance désolée, les pires âneries, égorgées à la virgule près. J'ai donc noircit en reniflant de loin le fumet des auto-claves de la littérature. pour sûr ! J'aurai bien fait une carrière dans les lettres. Surtout des jours comme aujourd'hui où le trèpe étripe la semelle de vent du poète redevenu forçat. Où le crèpe ne couvre plus seulement les cornes des escargots qui s'en vont à l'enterrement d'une feuille morte ...  


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