L’exercice de propagande auquel s’est livré N. Sarkozy hier soir (j’en ai regardé les extraits après son passage) est facile, d’autant plus face à des journalistes choisis vraisemblablement pas pour leur pugnacité.
Prenons un exemple, celui de la nomination par lui-même, du patron des chaines de télévision et de radio publiques: “Ce n’est pas le président qui décide de la nomination du président de France Télévisions, c’est le gouvernement”, suivi de: “Nous passons d’un système d’hypocrisie à un système de transparence”.
1- La première phrase est absolument fausse, contraire à ses premières déclarations et, même si elle s’applique, ne change rien à la chose, il n’y a qu’à voir le rôle de “collaborateur” de F. Fillon pour s’en persuader.
2- La seconde est pire. Car prendre appui sur des dysfonctionnements démocratiques pour justifier l’autocratie risque de nous mener loin.
J’aurai apprécié qu’au moins un des journalistes présents lui rétorque qu’aucun pays démocratique de nos entourage ne traite ses médias publics comme il envisage de le faire. L’indépendance des médias publics en Angleterre, Allemagne, Espagne,…, hormis l’Italie de Berlusconi, aucun gouvernement civilisé ne met les patrons de médias publics à sa botte.
J’aurai aimé qu’au moins un des journalistes présents lui rappelle que la démocratie c’est aussi le droit à l’information, une information honnête et indépendante et non à une propagande gouvernementale digne de feu l’ORTF à ses pires époques, celle où existait un “Ministre de l’Information”.
Ses déclarations sur le déplacement du Préfet de la Manche sont aussi sidérantes: “Il y a une erreur qui a été faite par le préfet : il avait tous les effectifs à sa disposition et il n’a pas garanti l’ordre public”. Ce qui signifie que rien ne doit venir troubler le spectacle, au frais des contribuables, qu’organise le Président lors des meetings UMP censés représenter les foules en adoration. Le Préfet n’est plus un serviteur de l’état mais un adjoint à la propagande présidentielle, au service des UMPistes locaux, en vue des prochaines présidentielles.
Pour le reste ? Du vent! Du vent sur les hedges funds et les paradis fiscaux. Du vent sur le marasme hospitalier! Du vent sur la répartition des richesses produites par les entreprises.
Par contre, face aux déficits publics, pas question de revenir sur le bouclier fiscal en faveur des plus riches. Pas question de revenir sur la défiscalisation des heures supplémentaires, qui fabriquent mécaniquement du chômage. Mais non, il supprime la taxe professionnelle, ce qui étrangera encore davantage les communes (qui pourtant représentent 70% des investissements publics)…, et accroîtra encore la dette. Avec le sarkozisme, c’est le retour à “Après moi le déluge”…
Et toujours les “je”, “je”, “je”, marque d'’une suffisance suffisante et d’une très haute idée de lui-même..
En attendant, le “Président du pouvoir d’achat” est passé aux oubliettes, l’insécurité s’envole malgré le trucage des statistiques, les SDF dorment toujours dans la rue (il avait promis qu’il n’y en aurait plus aucun d’ici 2008). Les “petits” retraités attendent encore les 25% d’augmentation de leur retraite “tout de suite”. Les déficits des comptes sociaux, même avant le déclenchement de “la crise” n’ont jamais été aussi grands, Les déficits des budgets de l’état et du commerce extérieur non plus, … Et ne parlons pas d’une dette qui atteindra les 80% du PIB en 2012.
Bref, de l’enfumage médiatique à partir d’ un fiasco complet: économique, politique et social que va aggraver dramatiquement la crise économique et financière qui en est encore à ses débuts… Mais tout montrait qu’il était très content de lui..!
- Mouvement des Université et société du savoir. Le séminaire de Marcel Gauchet: un régal! SLRU-EHESS.
- M. Woerth et les paradis fiscaux. Déchiffrages.
- Pas de chance. Hier soir, comme prévu, je boycotte l’auto-satisfecit présidentiel et je vais sur Canal + où j’ai subi, pendant 30 mn de discours de Mme Pecresse sur les réformes (sous-entendu: que le monde entier nous envie) qu’elle impose à l’Université, sans aucun contradicteur, ce qui lui a permis d’enchaîner les contre-vérités, voire les francs-mensonges sur fond de “Mais je comprend les inquiétudes (sous-entendu: de ces crétins), même si elles n’ont pas lieu d’être”.
- Questions aux banquiers: “Allez-vous proposer une distribution de dividendes ou des rachats d’actions au titre de l’exercice 2008 ? Si oui, dans quelles proportions ? Le Gouvernement vous a-t-il fixé, parmi les contreparties à l’aide de l’Etat, des conditions particulières concernant vos activités dans les paradis fiscaux?”. Blog Cordons de la Bourse.
- Sales trafics en Bouches du Rhône. Rue 89. 700 000 € versés par la Région Paca à des associations bizarres. Encore des affaires socialo-marseillaises…
- Faux-électeurs tibériens… Que cette affaire pue et que la justice est lente… AgoraVox.
- L’enfumage du “plan de relance” dont s’enorgueillit François Fillon. Rue 89 et Econoclaste (lire aussi les commentaires du post d’Econoclaste).
- V. Pécresse dignement accueillie à Strasbourg. DNA. Oeufs et chaussures ont volé. Plus généralement, le site “Sauvons l’Université“ pour suivre le développement du mouvement.
- “Dans les mobilisations actuelles, au-delà d’un sentiment ou d’une hantise d’être laminé par la crise, et d’une inquiétude diffuse qui lui est bien antérieure, il y a aussi, et surtout, une critique du président de la République, de son action et de son attitude”. La magistrale analyse de Michel Wievorka: “Plan de relance: et les jeunes dans tout ça ?” sur Eco89 .