Le RER ce matin a joué à la procession de l'escargot, entre Gare de Lyon et Châtelet-Les-Halles, d'hésitations en hésitations, de hoquet en hoquet nous n'arrivions pas à atteindre la station suivante. La chaleur grimpait, l'atmosphère s'épaississait. La foule compacte m'étouffait, un bras me barrait la poitrine, une capuche en fourrure synthétique m'obstruait les narines, le temps s'étirait, s'éternisait, la suffocation m'atteignait sournoisement. Ma respiration, régulière jusqu'à présent, s'accélérait, les larmes se mirent à couler doucement, l'idée d'enfermement m'obstruait l'esprit, une envie irrépréhensible de sortir à l'air libre m'envahit soudainement. La noirceur du tunnel, l'immobilité de la rame et l'impossibilité d'une sortie rapide m'affolèrent brusquement. Mon souffle devint rapide haletant bruyant.
Retire ton bras, repousse cette capuche, arrête de m'écraser… écartez-vous, …. Je craque!!
J'ai craqué!
Ma respiration ressemblait à une machine infernale, j'allais m'écrouler…
Un homme a tenté un retournement de situation, ouvert la fenêtre, m'a tiré vers la petite ouverture en se glissant derrière moi et en prenant ma place au milieu du wagon. L'atmosphère grise souterraine et moite créa l'illusion d'un nouvel air frais.
Je repris mes esprits lorsque l’on s’approcha de la station Châtelet-Les-Halles.
Quelques minutes plus tard, la rame filant vers la prochaine station freina brutalement. Alarme ! Un voyageur soumis à un violent malaise, devait être évacué à la station Auber… Comment faire autrement après avoir été séquestré dans un tunnel pendant plus de vingt minutes?
Nous voilà une nouvelle fois immobilisés, enfermés, haletant soupirant transpirant… J’ai le sentiment de vivre un flash back…
Je refuse, je rejette, j’évacue, je résiste encore avec de grandes difficultés….il ne me reste plus que l’imaginaire.
J’imagine, le ciel, les rayons de soleil, le calme et la sérénité….