Clichés I. Rambaud
Daniel Buren avait menacé de faire détruire son oeuvre si l'Etat ne faisait rien face aux dégradations accumulées depuis l' installation des fameuses colonnes au Palais Royal (1986). La colère a porté ses fruits : les colonnes de Buren sont en travaux.
Et pour que tous les parisiens profitent bien du spectacle du chantier, l'artiste lui-même a imaginé des palissades d'un rouge rutilant, percées de fenêtres encadrées des fameuses rayures noires et munies de fims de couleur.
De quoi voir la vie en vert, en bleu, en jaune...
Ainsi le spectateur peut-il apprécier doublement l'oeuvre, celle qu'on restaure et la nouvelle plus éphémère qui l'entoure comme un paquet-cadeau géant.
A quelques pas de là, j'ai été frappée à l'inverse par la déchéance des pilastres qui ponctuent la galerie voisine, celle pleine de charme où cohabitent boutiques de médailles, stylistes branchés et restaurants cosy. La peinture s'écaille, les enduits tombent, la voute est sale et décrépite.
Quelle image sinistre !
Faut-il donc qu'il y ait deux poids deux mesures dans le traitement de nos colonnes parisiennes ? Un traitement "royal" d'un côté et l'abandon le plus total dix mètres plus loin ? Vite remettons les lumettes à filtre doré... Tout ne devient-il pas plus brillant brusquement ? C'est peut-être là ce qu'on appelle le pouvoir de l'art... à moins que ce ne soit le contraire ?