Les vins de mon anniversaire: deuxième salve!

Par Eric Bernardin

Comme je l'ai expliqué précédemment, les vins ont fait l'objet d'un choix difficile dans la cave. On voulait une grande variété de vins en style, région, âge. Je pense que nous sommes arrivés à un bel équilibre qui a permis de faire un sympathique voyage dans le monde des saveurs ;o)

Champagne «Cuvée Louise » 1995 Pommery : nez sur la brioche et la noisette, signant une dominante de Chardonnay. Bouche fine et élégante, avec de la fraîcheur et une onctuosité certaine. Tout le monde a apprécié ce champagne. Julien, ayant bu un 96 la veille, a reconnu le style maison et a été la seule personne de la journée à avoir découvert un vin! (pas le millésime tout de même ;o))
Savagnin cuvée Privilège 2004, JF Ganevat: une des grosses surprises de la journée. Personne n'imaginait que le savagnin pouvait faire CA! Au nez sensuel sur la pomme caramélisée, beaucoup pensait que c'était un moelleux. Eh non, c'était un sec! Mais avec du gras, de la fraîcheur et de la MINERALITE! (c'est notre géologue de service qui l'a dit ). Superbe accord avec le foie gras!
Blanc fumé de Pouilly « Silex » 2000, Didier Dagueneau: personne n'a deviné que ça pouvait être un sauvignon, du fait d'une grande maturité. Même Laurent Gibet qui avait apporté cette bouteille. Sentant d'abord la cosse de petit pois, il est passé au citrus un peu plus tard, puis à la rose et l'ananas. Une belle ampleur, mais un manque de tranchant et de peps qui l'empêche d'atteindre l'équilibre espéré. Bien tout de même, mais l'accord n'est pas idéal avec le plat (qui était déjà prêt lorsque j'ai découvert le vin...)
Montrachet Grand Cru 1985, Bouchard Père & Fils: la déception du jour. Carafé 4 heures avant le repas, il était encore très réduit au moment de le servir (odeurs d'algues abandonnées sur la plage). La bouche est mieux, mais la matière est loin d'être imposante. On sent toutefois la signature d'un grand terroir en finale, même si personne n'aurait imaginé que ce puisse être un Montrachet - même pas un Chardonnay, en fait.

Saint Julien 1959, Château Talbot: j'attendais beaucoup de ce vin. Le millésime 1959 a donné souvent des Bordeaux d'une jeunesse insolente. C'est le cas de ce quasi-cinquantenaire qui tiendra quelques années encore. Le nez est très cab' avec encore du fruit et de la fraîcheur. La bouche tient la route, ronde, séveuse, fraîche et aux tannins d'une grande douceur. Vraiment bien! La tendreté du filet mignon lui seyait bien, ainsi que la sauce aux cèpes.
Midnight Oil 2001, Sine Qua Non: certainement LE vin de la journée. Au nez, tout le monde est parti de suite sur de la syrah, ce que j'ai confirmé. Avec un peu de grenache et de viognier. Pour le reste, personne n'a deviné son origine. Trop opulent pour un Rhône nord, peut-être languedocien, mais quel domaine ferait un aussi beau vin? Etranger? Il n'en a pas les défauts habituellement prêtés par les français... Un mystère! En tout cas, un nez envoûtant, même une fois le verre vide. Une bouche somptueuse, aux tannins élégants. Un équilibre frôlant la perfection. Encore supérieur à la dégustation de Saint-Emilion qui me l'avait fait découvrir et donné envie de l'acheter: le vieillissement l'a rendu plus complexe et a fait disparaître toute trace d'élevage. Je regrette vraiment de n'en avoir acheté qu'une...
Côteaux du Languedoc, Clos des Cistes 1998: Nez très sudiste sur des notes de garrigue, le camphre et de fruits noirs bien mûrs. Bouche puissante, dense, mais la comparaison est dure à soutenir avec le vin précédent, beaucoup plus subtil. Les 15% de grenache se font sentir dans une finale un peu chaude. Bien quand même, et une découverte pour beaucoup! Très bel accord avec l'agneau aux parfums de garrigue!

Château Chalon 1992, Auguste Pirou: contrairement au Talbot, je n'en attendais pas grand chose. Ouvert il y a 3 semaines (eh oui, je travaillais déjà sur le sujet), il était assez médiocre, dominé par l'éthanal. Conservé depuis à température ambiante, il s'est progressivement amélioré jusqu'à finir par avoir du charme. Ce qui fait que je l'ai finalement servi. Je l'ai trouvé fin, harmonieux, aux doux parfums de curry et de noix grillée: une initiation en douceur au vin jaune. On peut seulement lui reprocher un manque de puissance (surtout en finale, peu explosive).

Montilia Morales Don PX 1971, Bodega Toro Albala: Patrick m'avait offert ce vin il y a deux mois. Je lui avais promis qu'on le boirait ensemble. C'est fait! Que dire, si ce n'est que la magie du PX se renouvelle à chaque fois. C'était d'autant plus grand qu'il fusionnait avec le dessert. On ne savait plus trop si l'on mangeait le vin ou si l'on buvait le dessert... Un moment rare, à l'image de cette belle journée aux échanges passionnants!...