La patronne du MEDEF et de l'Ifop ne pense qu'à l'image, à son image. Laurence Parisot a intenté un procès en diffamation (donc pas sur le fond) contre le patron de l'UIMM qui a dit qu'elle était "parfaitement au courant" des grosses enveloppes qui circulaient. A l'audience, elle a fustigé "les atteintes à (son) image, à (sa) crédibilité et au fond, à (son) honneur" (compte-rendu du Figaro). Ou au fond, pourquoi pas. Mais d'abord la surface.
Ce matin, maso comme je suis, j'ai lu son interview dans La Tribune. De quoi parle-t-elle ? "A vrai dire, je suis consternée quand je vois une photo des manifestations à la Une du Wall Street Journal et du Financial Times. Je sais que tous les investisseurs qui pouvaient être en train de se demander s'ils iraient en France ou ailleurs, donneront ce jour-là dans leurs délibérations un point négatif à la France".
Laurence Parisot se croit à l'Eurovision : "France -1 point".
"La crise est comme une tempête et je pense qu'il est de peu d'efficacité de protester contre la tempête"
Non, le droit de grève d'ailleurs devrait être supprimé tant qu'on y est.
"On fabrique de l'appauvrissement quand on fait grève pendant toute une journée. Cela coûte cher et ruine la réputation de la France".
La réputation : elle a ouvert son dictionnaire des synonymes z'avez vu.
"Dans la journée de protestation du 29 janvier, il y a quelque chose de pervers". Pervers. Je ne vois pas le rapport, mais bon. Plus loin, elle dit pourtant que l'importante mobilisation est "compréhensible".
Serait-elle d'accord sur le fond, mais pas sur le fait que des américains aient vu cette photo (sur le site du Wall Street Journal, y'a même un diaporama. Ca doit bien la faire chier) ? C'est quoi le problème ? Que des journaux foutent des illustrations ? Ah non chui con, c'est comme dans les guerres, les images négatives sont censurées pour ne pas déprimer l'ennemi.
Elle dit quand même plus loin : "On peut comprendre qu'a fortiori un salarié qui n'est pas censé lire des cours d'économie tous les matins soit vraiment stupéfait et par conséquent très angoissé par la situation". Donc il manifeste parce qu'il est trop con pour comprendre ce qui se passe, et ce que préconise le MEDEF c'est super et tout ira bien.
Et Laurence Parisot de louer la "capacité pédagogique exceptionnelle" du chef de l'Etat qui va prendre la parole ce soir, et nous expliquer sans doute qu'on n'a rien compris (en fait Laurence Parisot fait de la lèche, elle veut faire de la politique, devenir présidente et tout, et elle en est même réduite à démentir qu'elle va rentrer au gouvernement un de ces quatre).
Ca me rappelle ce que disait le PS après le non au référendum relatif au traité européen. "On n'a pas fait assez de pédagogie".
Voilà, on est trop cons. Y'a deux millions de manifestants dans les rues (pardon, un petit million a dit la police), mais y'a pas un moment où il se disent "merde, et si ça marchait pas nos trucs là".
Non, les réflexions de Laurence Parisot, et de bien d'autres, se limitent à l'image, la surface des choses. Pour le reste, le fond, 'faut continuer tout pareil.
Heu, ils ont regardé où leur idéologie de merde nous a amenés là ?