Agent sioniste mais pas secret (1 ère partie)

Publié le 05 février 2009 par Drzz

  
  
  

  
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Miguel Garroté, jeudi 5 février 2009, http://monde-info.blogspot.com

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Petite histoire amusante. Contrairement à une première idée très répandue, la partie la plus importante de l’activité des services secrets n’est pas secrète du tout. Contrairement à une deuxième idée très répandue, les agents secrets en savent parfois moins que certains journalistes ou que certains hommes d’affaires. Et contrairement à une troisième idée très répandue, le premier contact avec le monde du renseignement n’a pas forcément toujours été prémédité et planifié.

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Ce sont ces trois réalités-là que j’expérimente depuis 1977, soit depuis trente-deux ans exactement, comme d’ailleurs d’autres journalistes l’expérimentent aussi. Or, il se trouve que l’histoire passée éclaire l’histoire présente. Et il se trouve aussi que l’histoire passée aide à préparer l’histoire de demain.

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C’est donc dans cet esprit - très concret et très simple - que j’ai promis aux lectrices et aux lecteurs de mettre, un jour, quelques anecdotes sur le papier. C’est désormais chose commencée ci-dessous, sans la moindre prétention, et sans la moindre gêne. Pour les faits énoncés ci-dessous et dans les épisodes à paraître, je n’ai pas jugé utile et je ne jugerai pas utile de changer les noms des lieux et les noms des personnes. D’abord, car il n’y avait et il n’y a là rien d’illégal. Et en suite, car même en admettant que tout n’ait pas toujours été légal à certaines époques, il y a de toute façon aujourd’hui prescription. Et en l’écrivant ainsi, mon récit reste d’autant plus réaliste et d’autant plus crédible.

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Plutôt que de livrer aux lectrices et aux lecteurs le récit qui débute avec cette 1 ère partie en limitant ce récit aux réalités que j’ai personnellement et directement expérimentées, je préfère également insérer dans ce récit, quelques éléments de l’histoire, notamment de l’histoire de la Guerre froide et de l’histoire de la Guerre contre la Terreur. C’est du reste en cela que mon récit - du moins je le souhaite - éclaire l’histoire présente et aide à préparer l’histoire de demain.

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Le premier contact avec le monde du renseignement - je l’écris encore une fois - n’est pas forcément toujours prémédité et planifié. Et par conséquent, ce premier contact n’est pas forcément toujours une expérience extraordinaire. Je reconnais certes très volontiers que des personnes ont été et sont encore intentionnellement recrutées lors d’un premier contact effectué par un service de renseignement. Mais j’écris aussi - et simplement - que cela n’a jamais été mon cas.

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Le premier contact est parfois le résultat de circonstances que personne, pas même un agent du renseignement, n’a orchestrées dans l’ombre. Ainsi, pour ce qui me concerne, les contacts avec les femmes et les hommes du renseignement furent et restent beaucoup moins exaltant qu’un film de James Bond ou que les activités passées de Tsipi Livni au Kidon (à ce propos, le 29 juillet 2008, l’agent spécial brieli67, sur Agoravox, a écrit, que drzz et moi-même, ne serions qu’une seule et même personne, ce qui est faux ; brieli67 a en outre écrit que je suis un retraité militaire, ce qui encore faux ; que je suis un kidon, ce qui est toujours aussi faux ; et que j’agis à partir de la Suisse, ce qui est parfaitement exact).

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La première fois que je suis entré dans le jeu du renseignement, de l’information, de la désinformation, de l’agitation et de la propagande, j’avais 21 ans et j’étais aux études universitaires, en science politique, à Genève (Suisse). A cet époque, non seulement je n’étais pas un ami d’Israël. Mais bien au contraire, je soutenais la révolution palestinienne. Une révolution concoctée par les éléments de la tendance marxiste au sein de l’OLP, avec le KGB soviétique et avec la Stasi est-allemande, notamment le brillant espion communiste Markus Wolf (cf. le documentaire « La Guerre des Loups », France 3).

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La première fois, c’était en 1977 dans un appartement à Saint-Julien-en-Genevois en France près de Genève (ville où j’habitais, en Suisse) ; un appartement à Saint-Julien-en-Genevois occupé par des Libanais totalement acquis à la révolution palestinienne, totalement acquis à Arafat et totalement acquis à l’OLP. Je fis l’aller-retour Genève / Saint-Julien-en-Genevois en passant tout naturellement la frontière. Les Libanais me remirent une série de documents que je ramenai en Suisse.

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Sur la page de couverture de chacun de ces documents figurait, en grand, le sigle de l’ONU. Le contenu de ces documents portait de graves accusations contre Israël. Ce que je n’avais pas saisis à l’époque - naïveté juvénile ? - c’est que ces documents étaient imprimés et diffusés, non pas par l’ONU, mais par la Ligue arabe. En ce temps-là, mon père était diplomate dans une organisation internationale à Genève, et comme d’autres, je portais sottement crédit à tout texte qui arborait le sigle de l’ONU (du fait de l’activité de mon père, je bénéficiais, par extension, de l’immunité diplomatique, ce qui me mettais très à l’aise lorsqu’il fallait passer la frontière). Les documents en question n’avaient strictement rien de secret. C’était même un peu grotesque d’avoir été en France voisine depuis Genève pour les réceptionner. En revanche, ils demeuraient un fantastique outil de propagande au service de la révolution palestinienne.

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A cette même époque, je fis la connaissance, à Genève, de Lea Tsemel et de Eytan Grossfeld, qui travaillaient, officiellement, pour une organisation israélienne des droits de l’homme. Ils travaillaient aussi, mais ça, c’était beaucoup moins officiel, pour un mouvement israélien d’extrême-gauche qui prônait la transformation de l’Etat d’Israël en une Confédération israélo-palestinienne où les Juifs et les Arabes étaient supposés s’embrasser sur la bouche, chanter quelque chose comme cumbaya je crois et manger des mochemaloe (j’écris ce mot en phonétique française car c’est plus drôle), des mochemaloe passés au barbecue.

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Toujours à cette même époque, à Genève, je fis la connaissance d’un étudiant en psychologie, Georges Hoefflin, qui était membre d’un groupe clandestin ultragauchiste, le Centre de Liaison Politique, un groupe qui diffusait Le Militant, un journal faisant l’apologie du terrorisme palestinien (le FPLP) et allemand (la Rote Armee Fraktion, la bande à Baader). C’était en 1977 (cf. le documentaire « Détournement d'avion pour la bande à Baader », Arte). Je faisais partie d’une jeunesse universitaire qui trouvait dans le soutient à la lutte armée, en clair au terrorisme, un motif d’exister, et un motif de participer, soi-disant, au cours de l’histoire.

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Le fait qu’à la même époque, des millions et des millions de personnes humaines souffraient terriblement - et en silence - de l’autre côté du rideau de fer, rideau tiré de la mer Baltique à la mer Adriatique, ce fait-là ne semblait pas nous émouvoir le moins du monde (cf. le documentaire « Radio Free Europe : la guerre des ondes », Arte). Nous voulions notre petite révolution à nous, quitte à faire le jeu du KGB. Nous ne songions pas à la Guerre froide. Nous rêvions de guerre anti-impérialiste. Les jeunes occidentaux qui aujourd’hui se convertissent à l’islam radical et adhèrent à Al-Qaïda sont à peu près aussi crétins que nous-mêmes étions crétins à l’époque (Fin de la 1 ère partie ;  2e partie à paraître prochainement.)

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© 2009 Miguel Garroté http://monde-info.blogspot.com

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