Trahison

Par Rob Gordon
On a vu tellement de films américains dépeignant les musulmans comme une bande de terroristes cinglés qu'un regard un peu différent est forcément bon à prendre. Trahison montre qu'on peut pratiquer l'islam et ne pas tomber dans de tels travers. Une évidence ? Oui. Et c'est justement l'un des problèmes du film, tellement plein de bonnes intentions qu'il finit par ressembler à une dissertation un peu scolaire sur ce sujet. Moins facile à traiter, la problématique "les terroristes sont-ils tous des monstres" mène elle aussi à une réflexion simpliste sur la part d'humanité de chacun. Trahison ne brille donc pas par la finesse de sa psychologie.
Pour apprécier un tant soit peu le film de Jeffrey Nachmanoff, il faut donc le prendre comme un simple thriller à base de terrorisme : la description de la préparation d'un attentat d'envergure est plutôt intéressante, tout comme le portrait du "héros", partagé entre ses convictions et ses devoirs, et véritablement pris entre deux feux. On a malheureusement du mal à adhérer à la prestation d'un Don Cheadle un peu trop lisse, qui peine à incarner cette ambiguïté permanente. Tout comme il est difficile de croire au duo d'agents incarné par Neal McDonough et Guy Pearce, qui serrent les dents pour montrer qu'ils en ont vu d'autres mais manquent cruellement de finesse dans leur interprétation.
Si elle n'est pas franchement haletante, cette course-poursuite ne manque pas de sel, même si le spectateur a constamment l'impression d'avoir tout compris avant les personnages, pourtant supposés appartenir à l'élite de leurs nations respectives. Un peu gênant... Par bonheur, les personnages de Jeff Daniels et Saïd Taghmaoui (tous deux excellents) viennent injecter un rien de complexité à ce qui n'est finalement rien de plus qu'un gros divertissement sans grande profondeur.
5/10