Anne Muxel, directrice de recherche au CEVIPOF (Sciences Po) se lance sur un sujet bien rarement étudié : “faut-il être politiquement d’accord pour s’aimer? ”
Son ouvrage “Toi, moi et la politique ” paru aux éditions du Seuil est une expérience à la fois littéraire et sociologique très originale et dont il faut recommander la lecture.
“Comment la politique, dès lors qu’elle n’est plus dans l’espace public, se réfléchit-elle dans l’espace privé? Quelle part occupe-t-elle dans le monde des échanges et des intérêts personnels, dans l’intimité du lien amoureux?”
L’ouvrage est riche, presque romanesque et impossible à résumer tant il est “enlevé”. C’est un livre de “chercheur“, mais il s’écarte de la phrase compliquée, trop technique, et exclue les nouveaux mots “concepts” … Une langue habilement descriptive, sans artifices, un style qui gouleye et vous entraîne agréablement sur le chemin de la description-démonstration.
C’est surtout un livre au féminin. Dégusté à l’aveugle, sans le prénom de l’auteur, vous devinez la femme. Pas une féministe militante, piquante à l’excès … Une femme aimant le père et vénérant la mère, soucieuse de rééquilibrer les “pouvoirs”, de décrire certaines frustrations, de désirer les rééquilibrages amoureux.
Cet amour, il est présent à toutes les pages. Peut-on tomber amoureux de quelqu’un qui fait des choix politiques opposés aux siens ? Quels sont les seuils d’acceptation de la différence ? La politique peut-elle être un ciment d’amour ? Peut-elle aussi devenir une cause de désamour ? … Elle n’oublie même pas les phéromones, tout en privilégiant un cortex “décideur” au dessus des petites molécules chimiques.
On retrouve, dans cette dernière production d’Anne Muxel, quelques thèmes déjà développés dans un de ses ouvrages antérieurs : Individu et mémoire familiale ; la famille est présente, très présente :
“La transmission politique est d’autant plus effective que l’homogénéité des choix parentaux est affirmée. Et les mères y jouent un rôle particulièrement déterminant. Bien que la politique reste associée au registre masculin en termes de représentation, et que les pères s’intéressent toujours plus à la politique que les mères, ces dernières transmettent davantage leurs opinions et leurs choix.”
Ici encore la femme … la mère ! Faites l’amour pas la guerre !
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